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Les Sextuors de Brahms par la Belle Saison à la Maladrerie Saint-Lazare de Beauvais – Du cœur et du style – Compte-rendu

On aura un peu attendu avant se faire l’écho de la soirée beauvaisienne de la Belle Saison, afin de prendre le temps d’écouter l’enregistrement des trois Quatuors avec piano de Brahms par Pierre Fouchenneret, Lise Berthaud, François Salque et Eric Le Sage, dont la sortie est imminente – il s’agit du premier volume de l’intégrale (en 13 CD) de la musique de chambre du compositeur allemand que la Belle Saison et B Records ont mise en route.(1) Une enthousiasmante version, magnifiquement enregistrée en concert (la marque de fabrique du jeune label français), dont le mélange de spontanéité et de maîtrise, de feu et d’intériorité inaugure cette aventure brahmsienne de la plus belle façon.

Elle a franchi une nouvelle étape, au début du mois, dans la cadre de la Maladrerie Saint-Lazare de Beauvais – lieu à la fois spacieux et intimiste, idéal pour la musique de chambre – avec les deux Sextuors, interprétés par Pierre Fouchenneret, Shuichi Okada, Lise Berthaud, Adrien Boisseau, François Salque et Yan Levionnois. Six archets parmi les plus talentueux qui se puissent trouver en France aujourd’hui ; six chambristes accomplis qui ont su mettre des personnalités bien affirmées au service des partitions dans une totale osmose chambriste.

Pierre Fouchenneret, Shuichi Okada, Lise Berthaud, Adrien Boisseau, François Salque et Yan Levionnois © La Belle Saison

Sextuor « du Printemps » : l’Opus 18 n’a pas volé son surnom à en juger par la plénitude et  l’élan de l’interprétation ici défendue ; un souffle qui va de pair avec une lecture très fouillée. Maîtres des moindres subtilités du texte, les musiciens peuvent se permettre de raffiner les couleurs, de soigner les nuances les plus fines sans jamais se perdre dans le détail. Propos admirablement dominé et sens de la grande ligne caractérisent tout autant le Sextuor n° 2, achevé cinq ans après le si bémol majeur et témoin d’une évolution profonde de son auteur. Sextuor de poètes que celui qui s’attaque ici à l’Opus 36, avec autant de cœur que de style. Dès l’Allegro, non troppo comme demandé – l’intelligence parfaite des tempi constitue l’un des points forts de cette approche des deux ouvrages – une tendre poésie étreint l’auditeur : respiration commune ; les musiciens sont d’emblée au cœur de leur sujet et l’on ne résiste pas plus à la saveur du Scherzo, aux secrets et aux ambiguïtés du Poco Adagio, ni à un Finale que l’on n’entend pas tous les jours mené de manière aussi radieuse et amicale.

Vivement le disque ! (3) Mais notez que le bonheur de réentendre les interprètes en concert ne va pas tarder à se représenter avec l’intégrale de la musique de chambre de Brahms que la Belle Saison programme à Paris, aux Bouffes du Nord, du 8 au 11 juin prochains.

Alain Cochard

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(1) Pour en savoir plus sur le projet Brahms de la Belle Saison et B Records : http://www.concertclassic.com/article/la-musique-de-chambre-de-brahms-la-belle-saison-la-jeune-garde-pour-une-integrale
(2) 2 CD Be Records (sortie commerciale le 27 avril)
(2) Les Sextuors sortent, couplés avec les Quintettes à cordes, le 8 juin

Beauvais, Maladrerie Saint-Lazare, 7 mars 2018

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