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Les Pêcheurs de perles à l’Opéra comique - Chatoiement orchestral - Compte-rendu

Retour minimaliste sur la scène parisienne pour Les Pêcheurs de perles. Si elle présente le mérite de suivre le rythme de l’ouvrage, la mise en scène épurée de Yoshi Oida – une rampe aux reflets métalliques ponctuée de poétiques carènes suspendues – semble presqu’un paradoxe pour cet opéra de Bizet daté de 1863 qui donne dans l’exotisme à la mode dans un XIXe siècle s’ouvrant aux séductions coloniales.

C’est dans la direction de Leo Hussain, qui fait ce soir ses débuts en France à la tête du Philhar, qu’il faut chercher les couleurs. Car la baguette du chef britannique, que d’aucuns jugent un peu lente, façonne les tempi selon les exigences de l’orchestration, laissant ainsi s’épanouir entre autres de moelleux altos dès l’ouverture, et surtout dans le nocturne deuxième acte, culminant dans le duo entre Leïla et Nadir, « Ton cœur n’a pas compris le mien ». Le résultat se révèle d’autant plus heureux que la partition mêle les styles avec un juvénile sens du syncrétisme – raison sans doute de sa fragilité –, faisant contraster dans ce même deuxième acte la fluidité de l’écriture de la scène d’amour avec un final très grand opéra, tout en verticalité harmonique.

Un peu pâle dans sa première réplique empreinte de timidité, Sonya Yoncheva, actrice consommée, dégaine ensuite littéralement une admirable fougue dramatique, portée par un timbre riche et corsé qui, s’il arrondit un peu l’élocution, n’en obère pas cependant l’intelligibilité. Dmitry Korchak exhibe en Nadir un chant plus à découvert, parfois risqué pour l’expression élégiaque. Captivant Zurga, André Heyboer maîtrise l’ampleur de son matériau, tour à tour magnanime et jaloux, et s’affirme sans peine comme le pivot du spectacle. Nicolas Testé, basse bien nourrie, démontre quant à lui un incontestable métier en Nourabad.

Mention particulière enfin pour le chœur Accentus, cinquième protagoniste de l’histoire, avec une diction d’une remarquable pureté, rendant les surtitres superflus.

Gilles Charlassier

Bizet : Les Pêcheurs de perles – Paris, Opéra comique, 18 juin, prochaines représentations les 20, 22, 24, 26 et 28 juin 2012

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Photo : Pierre Grobois
 

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