Journal

Les Noces de Figaro à l’Opéra-Comédie de Montpellier - Réouverture mozartienne - Compte-rendu

Après une campagne de rénovation de la cage de scène qui a duré vingt mois, l’Opéra Comédie rouvre ce soir ses portes au public, sur fond de conflit entre Jean-Paul Scarpitta et l’Opéra et l’Orchestre de Montpellier, dont l’ensemble des personnels a voté à son encontre une motion de défiance au début du mois. Par égard envers les financeurs de la réhabilitation et le public, les organisations syndicales ont maintenu cette première, ainsi que le précise le communiqué distribué à l’entrée. Suivant certain usage subordonnant l’institution à la promotion de ses propres talents, le directeur de la maison a réglé lui-même la nouvelle production des Noces de Figaro, et confié les costumes à Jean-Paul Gauthier, permettant à son ami couturier de faire ses premiers pas sur une scène d’opéra.

La perspective factice qui tient lieu de décor sait reconnaître sa dette envers Strehler tandis que les redingotes des personnages retombent sur des baleines, mettant hommes et femmes au rang d’une égalité discrètement androgyne – mis à part le Figaro aux jambes lacées dans un vinyle noir – le tout pour un résultat plutôt agréable à l’œil et sans nul doute le grand public. Mais de direction d’acteurs originale, on en chercherait vainement – lorgnant parfois du côté de chez Martinoty. L’apparente audace de la tête d’affiche ne s’écarte jamais d’un certain consensualisme, même dans la relégation du chœur dans la fosse au profit de « jeunes et aimables » figurants.

La distribution réunie se met au diapason d’une fraîcheur volubile où se distinguent entre autres la Susanne d’Hélène Guilmette aussi juvénile que le très applaudi Chérubin de Rachel Frenkel. Erika Grimaldi bonifie la ligne vocale de la Comtesse au cours de la soirée tandis que Konstantin Wolff fait preuve de la présence attendue en Figaro. Virginie Pochon épargne à Marcelline les écailles de l’âge dont on l’affuble généralement quand Antonio Abete rejoue le Bartolo nasalement impacté qu’on lui connaît. Doté d’un matériau plus ample, le Comte d’Adam Plachetka contraste par une intonation qui appuie son autorité. Le reste du plateau – Loïc Felix en Don Basilio, le Curzio de Thomas Bettinger, Omo Bello, Barbarina et Peter Longauer, Antonio – se soumet à la logique des caractères, tout comme les deux blanches paysannes issues d’Opera Junior, qui participe à la production. Enfin, la direction virevoltante de Sacha Goetzel n’hésite pas, pour faire d’époque, à raidir les couleurs de l’Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, et à succomber au syndrome « TGV » dans d’ébouriffants finales.

Gilles Charlassier

Mozart : Les Noces de Figaro – Montpellier, Opéra Comédie, 20 juin 2012. Prochaines représentations, les 14 et 15 juillet 2012

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Gilles Charlassier

Photo : Marc Ginot
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles