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Les Noces de Figaro de Mozart à l’Opéra National du Rhin – Mi-figue, mi-raisin – Compte-rendu

Représenter Les Noces de Figaro dans une maison de couture avec tout ce que cela implique de relations entre les personnages, de chassés-croisés, se justifie tout à fait. Rien pourtant de bien révolutionnaire dans la mise en scène de Ludovic Lagarde (actuel directeur de la Comédie de Reims) qui déçoit par une accumulation de détails sans véritable justification dans des décors mobiles grisâtres d’Antoine Vasseur déplacés à vue au gré de l’action. Les personnages évoluent dans des costumes hétérogènes de Marie La Rocca qui oscillent entre robes à crinoline, costumes de ville, sans parler des perruques d’un goût douteux.

© Clara Beck / Opéra national du Rhin

La distribution  met en valeur dans les rôles principaux les chanteurs de la jeune génération, tous très impliqués. Andreas Wolf, voix souple aux aigus toutefois un peu forcés, incarne un Figaro charmeur, volubile et plein d’entrain, loin des intentions politiques de la comédie de Beaumarchais. La Suzanne de Lauryna Bendžiūnaité  se place dans le registre de la fraîcheur avec finesse et esprit ; le comte Almaviva de Davide Luciano, véritable tyran capable de toutes les vilénies y compris dans la violence sexuelle, possède un timbre clair qui demanderait plus d’assurance. Vannina Santoni (la Comtesse) manque d’aisance et son émission un peu serrée ne laisse pas se déployer son art du chant que l’on a connu plus adapté. Exquis Chérubin de Catherine Trottmann juste, précis, avec l’expression des émois fébriles de l’adolescence, et poétique Barberine d’Anaïs Yvoz. L’expérience d’Arnaud Richard en Bartolo, de François Almuzara en Don Curzio et surtout de Marie-Ange Todorovitch en Marceline donne une homogénéité à leurs interventions communes. Quant à Gilles Ragon, il réalise un numéro comique irrésistible en Don Basile travesti, tandis que l’Antonio de Dominic Burns se révèle plus quelconque.

© Clara Beck / Opéra national du Rhin
 
La palme revient toutefois à la direction de Patrick Davin face à un Orchestre symphonique de Mulhouse aux cordes souples et soyeuses, à la petite harmonie colorée et aux cors assurés. Dans des tempi toujours adaptés, le chef sait établir un équilibre d’ensemble avec un sens de la scène jamais pris en défaut. Quelles que soient ses qualités musicales, cette production – appréciée du public strasbourgeois – ne laissera pas une trace indélébile.
 
Michel Le Naour

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Mozart : Le Nozze di Figaro - Strasbourg, Opéra National du Rhin, 20 octobre ; prochaines représentations à Strasbourg, le 31 octobre, et à  Mulhouse (La Filature) les 10 et 11 novembre 2017 / www.operanationaldurhin.eu/opera-2017-2018--le-nozze-di-figaro-opera-national-du-rhin.html
 
Photo © Clara Beck / Opéra national du Rhin

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