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Les Joyeuses Commères de Windsor à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège – A chacun son Falstaff - Compte-rendu

La saison se poursuit en beauté pour l’Opéra Royal de Wallonie-Liège. Après une Tosca remarquée, au tour des Joyeuses Commères de Windsor (1849) de faire le bonheur du public avec une production pour la première fois présentée en fin de saison passée à l’Opéra de Lausanne, coproducteur du spectacle, et redonnée ici dans une distribution toute différente.
 
A chacun son Falstaff : ainsi peut-on résumer la conception de David Hermann qui a pris le parti de mettre l’ouvrage de Nicolai… sur le divan ! Falstaff n’existe que dans l’esprit de chacun des autres protagonistes, fantasme ou objet de fixation haineuse. Et le metteur en scène d’inventer un personnage de thérapeuthe dont les interventions (en français) font la liaison entre les épisodes de l’action ou, parfois même, la commentent.
Ainsi décrite, l’option peut sembler excessivement intrusive et propre à lester le déroulement d’une savoureuse partition. Il n’est est rien ; elle pétille dans un spectacle sans temps mort, exemplaire de fluidité, auquel la scénographie souriante et futée de Rifail Ajdarpasic ajoute beaucoup (on abandonne l’ambiance Windsor pour un univers très contemporain ; le « Café Chic » du premier tableau donne ton), tout comme le talent du comédien Sébastien Dutrieux (Le Thérapeute) qui, entouré de ses deux assistantes, aborde son personnage avec ce qu’il faut de distance - et d’ironie sous-jacente envers le rituel du divan…

Christian Zacharias © Orch. de chambre de Lausanne & Nicole Chuard
 
Fluidité parfaite dans la fosse aussi où Christian Zacharias porte l’action avec raffinement, musicalité et peps. La vitalité de sa battue n’entrave jamais la respiration de la musique. Les musiciens de l’Opéra Royal sont à l’évidence sous le charme : un régal !
 
Dans de telles conditions, la distribution de rêve réunie par Stefano Mazzoni di Pralafera, patron de la scène liégoise – qui tient on le sait tout particulièrement à ce spectacle -, peut donner le meilleur d’elle-même.
En Falstaff, Franz Hawlata satisfait on ne peut mieux aux exigences vocales du rôle et se prête avec un formidable talent d’acteur à la conception de David Hermann. 

Werner Van Mechelen (Her Fluth) et Anneke Luyten (Frau Fluth) © ORW-Liège

Pour ses débuts à l’Opéra Royal, Anne Lutyen (Frau Fluth) épate tant par la richesse de son timbre que sa présence, son piquant et sa drôlerie face au Herr Fluth de Werner Van Mechelen, tyran domestique aux pieds d’argile.
Nullement en reste, le couple Reich (Laurent Kubla et Sabina Willeit) se révèle lui aussi parfaitement dessiné et déploie un sens non moins affirmé de la comédie. Davide Giusti, qui débute sur la scène liégoise, réussit un Fenton extrêmement touchant, accordé à la lumineuse Anna Reich de Sophie Junker. Stefan Cifolelli (Spärlich), Patrick Delcour (Dr. Caius) : de bout en bout le plateau concourt à donner toute sa saveur à un ouvrage trop rare sur les scènes francophones. Puisse cette production être reprise par d’autres maisons.
 
Alain Cochard
 
Nicolai : Les Joyeuses Commères de Windsor – le 30 janvier, prochaines représentations les 3, 5 et 7 février 2105. http://www.operaliege.be/fr
 
Retransmission en direct sur Culturebox le 5 février à 20h : http://culturebox.francetvinfo.fr/festivals/opera-royal-de-wallonie-liege/les-joyeuses-commeres-de-windsor-a-lopera-royal-de-wallonie-210337

Photo © ORW-Liège

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