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Les Chanteurs de l’Académie de l’Opéra Comique en récital – L’opérette à la fête

C’est d’abord et avant tout grâce au formidable plateau réuni pour l’occasion que la récente Chauve-Souris de l’Opéra Comique aura marqué les esprits. Dans le prolongement de ce spectacle, les voix encore, cette fois celles de l’Académie de l’Opéra Comique, auront été à l’origine d’autres moments de bonheur. Prenant prétexte du 160ème anniversaire de la fondation des Bouffes-Parisiens du « Mozart des Champs-Elysées » (dixit Rossini et non Wagner), la Salle Favart a confié aux pensionnaires de son Académie deux récitals « Favart fête l’opérette » à l’heure du déjeuner. Excellente initiative qui a permis aux auditeurs de faire la connaissance de jeunes artistes prometteurs.
 
Parmi les protagonistes du second concert (accompagné avec vivacité par le piano d’Emmanuel Christien), la soprano Jodie Devos n’est pas une inconnue. Elle a en effet remporté le Deuxième Prix du Concours Reine Elisabeth l’an dernier - et tenait le rôle d’Ida dans La Chauve-Souris. Après la fraîcheur innocente du trio des Saltimbanques de Louis Ganne (avec Ronan Debois et Safir Behloul), elle signe un air de Zorika (Lehár/L’Amour tzigane) plein de caractère. Un peu plus tard, la pureté et la facilité de ses aigus éblouissent (air de la Princesse du Voyage dans la lune d’Offfenbach), le charme achevant d’opérer lors du duo Malvina-Valérien (Hahn/Malvina) en compagnie du ténor Safir Behloul, plein de style
 
Préparés au cours d'une masterclass de Jean-François Lapointe, les jeunes chanteurs de l’Académie montrent une belle santé vocale, une diction soignée et un sens de la comédie indéniable (mais un peu à l’étroit dans l’espace réduit d’un Foyer à l’acoustique hélas bien tournante…).

La soprano Valentina Martinez fait mouche dans de drôlissimes Couplets de l’éponge (Audran), comme dans le Duo des chiens de Messager rondement mené au côté de la mezzo Eléonore Pancrazi. L’abattage et l’esprit de cette dernière emportent tout autant l’adhésion dans l’air de Diane (Honegger/ Les Aventures du roi Pausole), après un «Je ne suis pas ce que l’on pense » ( Oscar Straus) et un duo Hélène-Pâris, avec Safir Behloul, pour le moins savoureux.

Plus discrets au cours de ce récital, le baryton Ronan Debois et la soprano Anne-Marie Suire n’ont pas moins séduit. « Valentine à perdu la tête » : le Tango de L’Amour Masqué de Messager met en valeur une voix de baryton riche, pleine d’autorité et une remarquable présence. Ces qualités s’illustrent entre outre dans le grand duo du Cœur et la main de Lecoq, partagé avec A.-M. Suire qui, de son timbre lumineux, enchaîne sur un boléro délectable de brio et de piquant !
 
Alain Cochard
 
Paris, Foyer de l’Opéra Comique, 10 janvier 2015

Photo © DR

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