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DOSSIER RAMEAU - Les Boréades et La Flûte enchantée - La flèche et la flûte

Puisque le Festival d’Aix-en-Provence les présente conjointement cette année, l'un en version de concert, l'autre dans une mise en scène de Simon McBurney, l’occasion nous est donnée d’attirer l’attention sur les similitudes unissant les ultimes ouvrages lyriques de deux des plus grands génies musicaux du XVIII° siècle : Les Boréades (1764) de Rameau et La Flûte enchantée (1791) de Mozart. Passons rapidement sur leur portée testamentaire : Mozart ne pouvait être certain que La Flûte serait son dernier opéra représenté, pas plus que Rameau ne pouvait prévoir que le sien ne le serait point de son vivant (en fait, Les Boréades n’a été créé sur scène que… deux siècles plus tard, à Aix même, en 1982 !).
 
Nous ne ferons aussi que de brèves allusions au contexte franc-maçonnique : certes, Emanuel Schikaneder et Mozart, tous deux francs-maçons convaincus, ont construit avec La Flûte un opéra « à clefs », articulé autour de symboles (notamment numériques) et d’une idéologie propres à leur ordre. Un ordre, cependant, auquel rien n’autorise à rattacher directement Rameau (en dépit des bruits et pamphlets qui coururent à ce sujet). En revanche, le librettiste putatif des Boréades, Louis de Cahusac secrétaire de Louis de Bourbon-Condé, duc de Clermont et Grand-Maître de la Loge du Grand Orient de France, était proche, voire membre, de la confrérie. C’est en tout cas ce que laisse à croire la tonalité franc-maçonnique accusée de son précédent livret de tragédie lyrique, Zoroastre (mis en musique par Rameau en 1749, puis révisé en 1756) et ce sont justement les similitudes de ce livret – en termes de construction comme de thématique (1) - avec celui des Boréades qui amènent à supposer que Cahusac était l’auteur du dernier texte. Ainsi, les problématiques franc-maçonnes ne peuvent qu’imprégner les opéras qui nous occupent – mais ce n’est pas à elles que se bornent leurs ressemblances ou, pour le dire autrement, la même « pensée » qui semble les traverser tous deux ne doit pas être uniquement attribuée à une hypothétique propagande maçonnique.
 
 Avant d’entrer dans le détail de chacun des livrets, peut-être faut-il en donner de brefs résumés, que les familiers de ces œuvres pourront se dispenser de lire.
Les Boréades : Héritière du royaume de Bactriane, la reine Alphise ne peut choisir son époux, de par la loi de son pays, qu’au sein de la race de Borée (dieu des vents du Nord). Cependant, aucun de ces Boréades ne lui agréée. Car Alphise aime secrètement un jeune prêtre du temple d’Apollon, Abaris, dont on ignore les origines. Bien entendu, Abaris l’aime aussi et, tout en se jugeant indigne d’elle, laisse échapper le secret de sa flamme. L’heure des noces venue, Alphise scandalise l’assemblée en abdiquant, afin de pouvoir épouser son bien-aimé. Furieux, Borée déchaîne une terrifiante tempête et enlève la reine. Grâce à une flèche magique, Abaris parvient cependant à la rejoindre mais, alors qu’il va tomber sous les coups des Boréades, Apollon révèle qu’Abaris est non seulement son fils mais aussi celui d’une descendante de Borée : il peut donc légitimement épouser Alphise.
 
La Flûte enchantée : La Reine de la nuit - par l’entremise de ses Dames - sauve le prince Tamino de l’attaque d’un serpent. Elle le supplie ensuite de lui ramener sa fille, Pamina, enlevée par le mage Sarastro. Pour ce faire, elle lui donne une flûte magique qui doit l’aider dans sa quête. Tombé amoureux du portrait de Pamina, Tamino se met en chemin en compagnie de l’oiseleur Papageno, mais échoue à reprendre Pamina qui, cependant, s’éprend aussi de lui. Retenus par Sarastro, les deux amoureux sont sommés de se soumettre à un certain nombre d’épreuves, dont le prix sera leur initiation, leur libération et leur union. Malgré l’intervention brutale de la Reine, qui tente d’assassiner Sarastro et requiert en vain pour cela l’aide de sa fille, les jeunes gens triomphent des tâches imposées, et se retrouvent admis, ensemble, au sein du temple du Soleil.
 
Deux véritables protagonistes
 
On notera d’abord que, dans chacune de ces histoires, il n’y a que deux véritables protagonistes : les membres d’un jeune couple empêchés de s’unir. Certes, bien d’autres personnages interviennent mais dont le sort nous concerne moins – ou, comme dans le cas de Papageno, ne fait que redoubler celui des héros. Ces personnages, d’une nature soit plus qu’humaine (les dieux, les demi-dieux, la Reine de la nuit, le mage Sarastro) soit moins qu’humaine (Papageno) ou ancillaire (Sémire, Monastatos), se répartissent entre opposants et adjuvants, voire, le plus souvent – et c’est ce qui fait d’ailleurs l’intérêt de ces pièces – passent d’un camp à l’autre. La volonté de se retrouver (tantôt d’un point de vue géographique, tantôt en rejoignant le même « clan » social) motive l’action des jeunes héros.
 
Dans un premier temps, l’on s’imagine que l’obstacle principal à leur union va être la légitimité (comme dans tant de contes où un roi s’éprend d’une bergère, etc.). Si l’on ignorera toujours tout de la naissance de Tamino, on sait qu’il est un prince, ce qui suffit à lui rendre accessible n’importe quelle main. Pamina, de son côté, est aussi de sang royal, mais fille de la reine de la nuit, des ténèbres – néanmoins, à aucun moment cette origine ne semble obscurcir sa nature ni devoir lui interdire de prétendre au héros : comme lui, elle peut être initiée, « éclairée » par les épreuves (mais au prix d’un peu plus de souffrances, on le verra, car, pour les Francs-maçons, la femme est par nature « impure »).
 
Dans le cas des Boréades, le droit divin, la tradition paraît d’abord s’opposer catégoriquement à l’union de la reine Alphise avec un « étranger » (comme le qualifie sa suivante Sémire). Pourtant ce prétexte est vite balayé par une révélation que nous fait Adamas, le grand-prêtre d’Apollon, dès le début de l’Acte II : Abaris est le fils du dieu solaire, mais « il doit à jamais ignorer sa naissance s’il n’est par ses vertus digne du sang des dieux. »
Ainsi, on notera que, dans les deux ouvrages, la légitimité n’est pas considérée comme une valeur en soi, comme un destin : assimilée à la noblesse de cœur, à la vertu et à la clairvoyance, elle est l’objet d’une conquête et ne se donne pas d’emblée.
 
Dans Les Boréades, Alphise va d’ailleurs tenter de se déposséder de cette légitimité pour s’abaisser jusqu’à Abaris – elle renonce à son statut tandis que lui, par un chemin inverse, cherche à découvrir le sien.
Pareillement, Pamina échappe à son milieu social, tandis que Tamino, lui, reste du début à la fin de l’opéra, un apatride. La conquête de l’autre passe ici par l’oubli de soi-même ou, du moins, par le refus d’une identité qui serait imposée par le milieu social, la naissance, les ascendants.
 
Voyage initiatique
 
Que ce soit dans La Flûte ou dans Les Boréades, les membres du couple principal vont donc accomplir un voyage initiatique qui les rendra dignes de s’aimer : non que ce parcours soit censé modifier leur nature (Abaris sera toujours, dans les faits, le fils d’Apollon, Pamina issue de la Reine de la nuit) mais parce qu’il est nécessaire à leur (re)connaissance d’eux-mêmes, de leurs limites comme de leurs aptitudes.
Afin que ce parcours apparaisse moins abstrait, il va prendre l’aspect d’une quête - celle de l’aimée, enlevée par une figure paternelle.
Pamina a été enlevée par Sarastro avant même le début de l’action (et sera retrouvée par Tamino dès la fin du premier des deux actes) ; Alphise sera enlevée par Borée au milieu de l’opéra (au coeur du troisième des cinq actes) et rejointe par Abaris vers la fin de l’Acte V.
Tamino retrouve sans grande difficulté sa fiancée grâce à la flûte enchantée et Abaris se rend d’un trait en Hyperborée grâce à une flèche magique : ce n’est donc pas tant le voyage en lui-même qui fait difficulté que ce qui se passe avant ou après. Ce n’est pas tant se confronter au « père » qui s’avère difficile que de le décider à céder la fille…
Dans le cas de La Flûte, les épreuves ont lieu après que Tamino a retrouvé Pamina. Il y en a essentiellement deux, dont la seconde est affrontée conjointement par les deux amoureux tandis que la première est proposée séparément à chacun d’eux. C’est en effet ensemble que Pamina et Tamino se confrontent aux éléments primitifs - l’eau, le feu, la terre et l’air -, là encore avec l’aide de la flûte. En revanche Pamina ignore que Tamino a été soumis à la première épreuve – celle du silence – lorsqu’elle le revoit avec l’accord de Sarastro. Tamino, obéissant à la consigne, ne lui accorde alors aucune attention, ne lui adresse pas un mot ; et Pamina, désespérée, décide alors de se suicider avec le poignard que sa mère lui avait donné pour occire Sarastro. Heureusement, trois génies arrêtent son bras…
 
La loi du silence
 
On retrouve ces épreuves et leurs conséquences dans Les Boréades : pendant quasiment deux actes, Alphise et Abaris sont aussi soumis à la loi du silence et ne peuvent s’avouer leurs sentiments, bien que leur inconscient les pousse à le faire. Mais le silence qui les sépare n’est rien par rapport à celui qu’ils doivent observer face à leur entourage : il faudra un acte encore pour qu’Alphise admette sa flamme à la face de tous(2). Borée fait alors tonner l’orage - et nous retrouvons  ici la fureur des éléments déchainés que les héros doivent braver(3) - puis enlève Alphise. Abaris réagit à cette situation comme le faisait Pamina : il tente de se suicider avec une flèche magique, ce qu’empêche Adamas en lui laissant entendre que ce trait a d’autres vertus.
 
Objets magiques
 
Voici donc une nouvelle similitude entre les deux ouvrages : le recours aux objets magiques. Dans les deux cas, leur emploi apparaît singulièrement hasardeux. Tout d’abord, chez Mozart, la flûte enchantée est un don de la Reine de la nuit, donc un don des ombres, un cadeau un peu suspect. Il permet certes à Tamino d’envoûter les bêtes sauvages, de retrouver Pamina (finale de l’Acte I) puis de traverser le feu et l’eau – mais ne lui vaut pas le cœur de la belle ni ne l’autorise à l’épouser. Au contraire, l’épreuve décisive de l’opéra étant celle du silence, elle interdit par conséquent l’usage d’un instrument sonore !
 
La flèche magique est introduite à l’Acte II de l’opéra ramiste. Alors qu’Alphise révèle sa répugnance à épouser les Boréades, qui viennent de lui donner une fête splendide, l’Amour descend du ciel pour la lui offrir, avec ces mots ambigus : « espère tout de ce trait enchanté, l’Amour lui-même te le donne. J’approuve ton penchant, c’est moi qui l’ai dicté, mais le sang de Borée obtiendra la couronne. » Chacun peut alors interpréter ce don à son avantage : les Boréades sont aussitôt certains que l’Amour est de leur côté (« le sang de Borée obtiendra la couronne »), tandis qu’Alphise se persuade du contraire (« j’approuve ton penchant »). Mais que faire de cette flèche ? Alphise croit lui trouver une utilité symbolique en la cédant à Abaris (« je la tiens de l’Amour, je l’offre à mon époux »), mais Abaris n’y voit rien d’autre qu’un moyen de se tuer pour finir ses tourments.
L’objet magique sert prioritairement à domestiquer la nature (les animaux sauvages et les éléments dans La Flûte ; les Zéphyrs, les Saisons et les Heures dans Les Boréades). Ils ne sont en eux-mêmes ni bons, ni mauvais, ni indispensables, ni décisifs, mais la façon dont on en use sert de révélateur à la personnalité des héros.
 
D’obscures admonestations
 
Si l’emploi des objets magiques reste obscur, tout aussi obscurs apparaissent les conseils, admonestations et directives dont les « guides spirituels » autoproclamés abreuvent les protagonistes. Tamino doit d’abord obéir aux ordres de la Reine de la nuit : puisqu’elle vient de le sauver du serpent et est d’ailleurs la mère de la ravissante Pamina, celle-ci ne peut être que bonne. Sarastro, qui admet avoir eu recours à l’enlèvement, prend d’abord l’aspect d’un persécuteur. Mais sa magnanimité et sa rhétorique persuadent assez vite Tamino que ses agissements (condamnables) n’ont pour objectif que le bien des deux jeunes gens. Et c’est sans grand effort que Sarastro convainc le prince de traiter sa bien-aimée avec une rudesse elle aussi discutable – Tamino n’adresse plus la parole à sa belle et feint même de la repousser...
 
Pareillement, Adamas ne cesse d’envoyer des signaux contradictoires au pauvre Abaris : « l’amour peut couronner vos vœux », lui certifie-t-il à l’Acte II - avant de lui intimer au contraire, à l’acte IV (scène 4) : « brisez une funeste chaîne, osez immoler votre amour. »
Que croire ? On ne peut donc se fier à personne ? La nature ambiguë des ordres que donnent les puissants est soulignée, dans les deux œuvres, par un intermède presque comique : lors du finale de l’Acte I, lorsque Monastatos, l’esclave noir de Sarastro, lui amène, tout fier, les deux amants enchaînés, il reçoit en récompense… soixante-dix-sept coups de bâton ! Et ce sont les vents libérés par Borée lui-même qui, entre l’Acte IV et l’Acte V des Boréades, vont conduire chez lui son ennemi Abaris…
 
Les erreurs des protagonistes
 
Les erreurs commises par les protagonistes dans la compréhension des signes et messages qui leur sont délivrés unissent donc aussi les ouvrages de Rameau et Mozart. Lorsqu’ils cherchent à interpréter ce qu’on exige d’eux, les héros ont tendance à se tromper et, dans les deux ouvrages, l’action qu’ils tentent alors tient de l’égarement.
Alphise se trompe en croyant qu’elle doit abdiquer pour épouser Abaris, Abaris se trompe en décidant à s’immoler, de même que Pamina se trompe en imaginant qu’elle ne peut employer le fatal poignard de sa mère que pour se frapper et que Tamino se trompe en s’imaginant qu’il doit forcer la porte du temple de Sarastro.
Bien souvent, le bon choix consiste à renoncer à l’action : renoncer à tuer Sarastro malgré l’ordre de sa mère, pour Pamina, renoncer à se venger de la Reine de la nuit, pour ce qui regarde Sarastro, renoncer à anéantir les Boréades, en ce qui concerne Abaris (« je borne ma vengeance à calmer malgré vous vos transports furieux », V, 4).
Le héros doit-il donc se contenter de rester inactif ou de suivre aveuglément les directives qu’on lui donne ?
L’errance de Tamino parmi les divers portes et souterrains du temple, les messages cryptés de l’Officiant, des Prêtres ou des Hommes armés, la valse-hésitation induite en Abaris par les oracles d’Apollon ou en Alphise par les charades de l’Amour a pour le spectateur quelque chose d’un peu pénible : elle nous rappelle l’époque où, enfants sans défense mais avides de comprendre, nous nous heurtions aux obscures injonctions des adultes – anciens enfants eux-mêmes…
 
Liberté ou obéissance
 
Le débat qui se fait jour ici apparaît typique de l’« âge des lumières » : faut-il écouter les tenants de l’autorité ou ses propres sentiments ? Faut-il être libre ou obéissant ?
En ce qui concerne Les Boréades, les avis s’affrontent : Catherine Kintzler (4) par exemple, juge que ses héros y sont manipulés par des forces qui les dépassent et dépourvus de véritable autonomie, alors qu’en revanche Sylvie Bouissou (5) met l’accent sur des vers jugés iconoclastes, comme ceux de la Nymphe, au cœur du divertissement de l’Acte II (scène 6) : « Le bien suprême, c’est la liberté », affirme en effet celle-ci. Mais il ne faut pas sortir ces mots de leur contexte, puisque l’ariette se poursuit ainsi : « plaignons la peine extrême d’un cœur par l’amour agité ». La liberté n’est donc pas opposée ici à la loi, à l’autorité, à la règle – mais à l’amour !
 
En contrepartie, Abaris met en cause la légitimité accordée par le rang social en lançant aux Boréades (V, 4) : « trop superbes rivaux fiers de votre naissance, votre orgueil ne voit point de refus légitime : tout ce qui le blesse est un crime. Vous voulez être craints – pouvez-vous être aimés ? » Vers on ne peut plus audacieux à une époque où Louis XV, l’ancien « Bien-aimé », est devenu le « Mal-aimé » et où fleurissent les scandales liés à la non-légitimation des bâtards royaux !
On comprend que de tels passages aient déchaîné les foudres de la censure mais on ne peut pour autant prétendre qu’ils fassent l’apologie de la liberté ou mettent radicalement en cause le droit divin puisque, rappelons-le, Abaris s’avérera être un Boréade.
De même, dans La Flûte enchantée, l’amour que se portent mutuellement les deux jeunes gens ne leur semble pas suffisant pour se dérober à l’initiation qu’on leur propose : c’est de son plein gré, après tout, que Pamina reste chez Sarastro et que Tamino se soumet aux épreuves.
 
Une profonde réflexion sur l’éthique
 
 Ainsi les parcours initiatiques mis en scène dans La Flûte enchantée comme dans Les Boréades renvoient-ils dos à dos les tenants de l’indépendance et ceux du légalisme, les partisans de la prédestination et ceux du libre arbitre. Dans la lignée de l’Encyclopédie (achevée la même année que Les Boréades et à laquelle Cahusac a participé), les deux livrets ne plaident pas seulement pour l’émancipation des sentiments et l’égalité des destins : ils laissent aussi entendre que la liberté sans guide ni aide extérieure conduit à l’erreur, voire à l’obscurité (le gouffre où tombe la Reine de la nuit, les grottes souterraines de Borée).
Ils développent une profonde réflexion sur l’éthique, en tant qu’elle se différencie à la fois de la loi, de la morale, de la religion et du simple instinct libertaire. Ce faisant, de part et d’autre de la Révolution française, intervenue deux ans avant La Flûte enchantée, ils contribuent à interroger le spectateur sur la notion d’ « homme social ».
 
Olivier Rouvière
 
 
(1) Les deux opéras se déroulent en Bactriane, dont le trône (et les noces de son héritier/ière) est l’enjeu de l’intrigue. Dans les deux cas, une divinité maléfique (Borée/Ariman représenté par son ministre, le sorcier Abramane) s’oppose au mariage des héros et se voit contrecarrée par un mage du culte solaire (Zoroastre/Abaris).
 
(2) A l’Acte V, Alphise, torturée par les Boréades, se contraindra à nouveau au silence en refusant de répondre à la question comminatoire de Borée : « un empire ou des fers, ton sort est à ton choix. ».
Mais si le silence est une vertu, parler peut être une preuve de courage : ainsi, on note de grandes similitudes entre les deux scènes d’aveu (amoureux) placées au cœur des deux opéras – celui d’Alphise face de son peuple (III, 4), celui de Pamina aux pieds de Sarastro (Finale Acte I).
 
(3) Le livret des Boréades est entièrement parcouru d’allusions à la force (bénéfique ou maléfique) des éléments naturels : l’air/les vents (la fameuse ariette « Un horizon serein » d’Alphise, la tempête), l’eau (l’ariette finale d’Abaris, le rôle d’Orithie), le feu (évoqué par les éclairs et le culte solaire) et la terre (dont sont issues les Saisons qui aident Abaris). Tous ces éléments se retrouvent cités dans le sublime chœur accompagnant le voyage aérien du héros : « Parcourez la terre, franchissez l’espace et les airs, traversez les mers, volez au séjour du tonnerre !» (IV, 4).
 
(4) Jean-Philippe Rameau, splendeur et naufrage de l’esthétique du plaisir à l’âge classique, Le Sycomore, Paris, 1982.
 
(5) Jean-Philippe Rameau : Les Boréades ou la tragédie oubliée, Méridiens Klincksieck, Paris, 1992.
 
 
  
Rameau : Les Boréades (en version de concert)
dir. Marc Minkowski
18 juillet 2014 – 20h
Aix – Grand Théâtre de Provence
 
Mozart : La Flûte enchantée
Simon McBurney (m.e.s), dir. Pablo Heras-Casado
2, 4, 6, 9, 11, 17, 20 et 23 juillet (à 19h), 14 et 19 juillet 2014 (à 17h)
Aix – Grand Théâtre de Provence
www.festival-aix.com

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