Journal

Leonard Slatkin dirige Korngold, Barber et Bartók à l’Auditorium de Lyon - De la comédie au drame

Leonard Slatkin
Leonard Slatkin ose un programme surprenant réunissant Korngold, Barber et Bartók. En l’ouvrant avec trois extraits de la musique de scène que Korngold composa pour la reprise en 1918 de la pièce de Shakespeare Beaucoup de bruit pour rien à la Volksbühne de Vienne, il révélera aux Lyonnais une partition savoureuse. Le jeune homme de 21 ans s’y amuse avec brio du petit orchestre qu’il y compose et en tirera une Suite op. 11 en cinq mouvements, l’élargissant alors au grand orchestre. L’Ouverture caracolante, l’Intermezzo, où le violoncelle se fait bercer par la harpe et le piano, et la Mascarade finale avec ses fioritures baroques sont autant de tableaux virtuoses et séducteurs.
 
Gil Shaham © DR

C’est commencer par une pure comédie de sons avant d’immerger le public dans le vaste concerto lyrique que Samuel Barber composa durant l’été de 1939 alors qu’il séjournait en Suisse, à Sils-Maria. La longue mélodie qui ouvre l’Allegro crée un paysage sonore envoûtant par sa mélancolie. Barber l’écrivit suite à une commande d’un magnat de l’industrie cosmétique dont le fils adoptif n’était autre que le virtuose Iso Briselli, lequel refusa de créer l’œuvre, déçu par le finale. Albert Spalding créera finalement le Concerto pour violon op. 14 le 7 février 1941 à Philadelphie, sous la direction d’Eugène Ormandy.  Depuis lors tous les virtuoses se sont emparés d’une partition au romantisme flamboyant qui valut à Gil Shaham son premier succès discographique en 1994 (1). Il a toujours gardé l’œuvre à son répertoire et trouvera un chef particulièrement versé dans la musique de Samuel Barber en la personne de Leonard Slatkin.

Après l’entracte changement radical d’univers avec Le Château de Barbe-Bleue, unique opéra de Béla Bartók créé le 24 mai 1918, où le compositeur hongrois effectue une plongée dans les subconscients de deux personnages confrontés en un dialogue serré où chacun entend dominer l’autre. Cette lutte pour la vérité a inspiré au poète Bela Balázs un texte partagé entre symbolisme et psychanalyse revêtu par Bartók d’un orchestre sombre. Progression dramatique inexorable, cette partition venue des ténèbres et retournée aux ténèbres est le chef-d’œuvre qui clôt la première manière du compositeur. Judith et Barbe-Bleue seront incarnés par leurs deux interprètes majeurs du moment, les Hongrois Ildikó Komlósi et Bálint Szabó.

Si vous voulez retrouver Gil Shaham, il sera quelques jours plus tard (les 2 et 4 février) à la Philharmonie de Paris, cette fois pour le Concerto de Brahms avec l’Orchestre de Paris sous la direction de David Zinman ; en seconde partie, une autre partition essentielle de Bartók, son grand ballet pantomime Le Prince de Bois, composé juste avant Le Château de Barbe-Bleue.

Jean-Charles Hoffelé

logo signature article
(1) Barber : Concerto pour violon op. 14 / Korngold :  Concerto pour violon op. 35, London Symphony Orchestra, dir. André Prévin (DG)

Gil Saham (violon), Ildikò Komlósi (mezzo-soprano), Bálint Szabó (basse), Orchestre National de Lyon,  dir. Leonard Slatkin
Œuvres de Korngold,  Barber, Bartók

28 janvier 2016 – 20h
30 janvier 2016 – 18h
Lyon - Auditorium
www.auditorium-lyon.com/Programmation-15-16/Orchestre-et-opera/Opera-en-version-de-concert/Barbe-Bleue

Photo Leonard Slatkin © Steve J. Sherman

Partager par emailImprimer

Derniers articles