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L’Ensemble Pygmalion au Festival d’Aix-en-Provence 2019 - Les Mozartkugeln de Raphaël Pichon – Compte-rendu

En 1890, Paul Fürst, pâtissier salzbourgeois, invente le « Mozartkugel », bonbon au chocolat et à la pâte d’amande, qui va se servir de l’image de Wolfgang Amadeus pour sa promotion. Au Festival d’Aix-en-Provence, ce sont des Mozartkugeln en forme de friandises musicales que Raphaël Pichon (photo) a offerts à ses auditeurs en ce mois de juillet.
 
"Aix, Mozart et moi": c’est ce que le jeune chef aurait pu écrire sur son journal en exergue de son séjour aixois. Lui qui avait dirigé la Flûte enchantée pour la première fois l’an dernier, s’est offert, et, du même coup, nous a offert, du Mozart sans modération cette année. Tout d’abord avec ce « Requiem » intelligemment « augmenté » par ses soins de quelques pièces, majoritairement composées par le salzbourgeois, et « scénographié » par Castellucci.(1) Un premier grand succès populaire pour le Festival version Pierre Audi. 
 
(de g. à dr.) Charles Sy, Eric Ferring, Yuriy Hadzetskyy, Marie Perbost, Adèle Charvet, Raphaël Pichon, Brenda Poupard, Julie Roset, Alexander Rosen et Nicolai Elsberg réunis aux saluts pour recevoir l’ovation d’une salle conquise © Jean-Claude Carbonne
 
Le 7 juillet, pour leur récital de fin de résidence de chant, les pensionnaires de l’Académie du Festival d’Aix pouvaient compter sur le chef et ses musiciens pour les accompagner. Mozart occupait la totalité du programme et l’attention de tous les instants de Raphaël Pichon aura permis à quelques unes de ces jeunes voix de s’affirmer, nous donnant envie de les réentendre. Au premier rang de ces « révélations », notre coup de cœur va à la mezzo Adèle Charvet dont les qualités, justesse, couleurs, projection, lui ont déjà valu un prix d’honneur à l’Académie du Festival de Verbier ; très convaincants, aussi, la soprano Marie Perbost, belle ligne de chant et le baryton Yuriy Hadzetskyy, projection parfaite et voix très équilibrée.
 
Le marathon mozartien n’était pas terminé puisque Raphaël Pichon et Pygmalion proposaient deux concerts au programme desquels les quatre dernières symphonies du salzbourgeois étaient associées à des airs de concert donnés par l’excellente soprano australienne Siobhan Stagg, qui figurait à l’affiche du « Requiem » évoqué plus haut. Que ce soit à l’Archevêché pour la n° 38 « Prague » et la n° 39 ou au Grand Théâtre de Provence pour les Symphonies n° 40 et n° 41 « Jupiter », une extrême qualité d’interprétation était au rendez-vous.
Pas de baguette pour Raphaël Pichon, mais un réel engagement physique et un geste toujours très précis qui lui permet, tout en livrant une lecture très fouillée des partitions, de magnifier la musique, de lui donner âme et densité en usant des qualités, couleurs et profondeur d’interprétation de ses instrumentistes dont le son d’ensemble est, tout simplement, exceptionnel. Cordes soyeuses et veloutées, bois chauds et précis, cuivres non moins remarquables, ce qui constitue une réelle performance sur la durée avec des instruments d’époque : treize ans après sa création, Pygmalion compte parmi les meilleurs orchestres du genre. A Aix-en-Provence, il a permis à son chef-fondateur de régaler le public de savoureuses friandises musicales.
 
Michel Egéa
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