C’est l’une des missions de l’Académie européenne de Musique d’Aix-en-Provence d’impliquer les enfants de la ville durant plusieurs mois dans l’élaboration d’un spectacle confié ensuite à ses stagiaires. La Fantaisie lyrique écrite par Ravel sur un texte de Colette dans les années 20, L’Enfant et les sortilèges, constitue un titre idéal de ce point de vue. Surtout dans sa version pour piano à quatre mains, flûte et violoncelle élaborée en 1989 par Didier Puntos pour l’Atelier lyrique de l’Opéra de Lyon et menée ici aussi de main de maître.

Car les jeunes voix ne risquent jamais d’être couvertes par la masse orchestrale et la variété des timbres instrumentaux suffit largement à illustrer ce bestiaire poétique. Les quatre musiciens sont d’ailleurs intégrés au bric à brac que le metteur en scène Arnaud Meunier a situé dans quelque grenier de notre mémoire d’enfant : eux aussi apparaissent au gré de sa fantaisie, surgissant dans un rai de lumière comme les objets inanimés qui soudain s’animent le temps d’un air ou les animaux familiers qui brusquement changent de place. Du vrai divertissement sans prétention, mais parfaitement réglé.

Ce ballet des peurs et des révoltes enfantines fonctionne grâce à une distribution épatante qui y croit et se prend au jeu. Maman, Eve-Maud Hubeaux, est odieuse à souhait, l’Enfant de Chloé Briot craquant comme la Princesse de Clémence Tilquin, le Rossignol de Mercedes Arcuri, la Chatte Ecureuil de Majdouline Zerari. Les garçons ne sont pas en reste avec la Théière Rainette de Valerio Contaldo, l’Horloge miaulante de Guillaume Andrieux et le Fauteuil Chêne de Jean-Gabriel Saint-Martin. Par chance, toute la ménagerie ira à Dijon(1). Et espérons une vraie tournée !

Jacques Doucelin

(1) reprise du spectacle à l’Opéra de Dijon les 14 et 15 février 2013

Ravel : L’Enfant et les sortilèges- Festival d’Aix-en-Provence, Théâtre du Jeu de Paume, 6 juillet ; prochaines représentations les 11, 14, 17, 18, 20 et 22 juillet 2012

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Photo : DR