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L’Enfance du Christ sous la direction de Douglas Boyd à la Philharmonie de Paris - Envols séraphiques - Compte-rendu

Deuxième soirée de son « Week-end Berlioz 1 », la grande salle de la Philharmonie de Paris s’ouvre à L’Enfance du Christ. L’oratorio d’une inspiration biblique pastorale, parcouru de délicatesses et destiné à la réverbération d’une église, pourrait s’y sentir un peu perdu. Il n’en est rien. L’Orchestre de chambre de Paris, puisque l’ouvrage tient de la musique de chambre, le Chœur de la Radio Flamande et un plateau de solistes appropriés, s’expriment dans l’intensité intérieure voulue la musique et son livret (tous deux signés Berlioz) tout en projetant parfaitement leur participation. Gratifiés qu’ils sont par la direction des plus investies de Douglas Boyd (photo).

Jean Teitgen © DR
 
Les interventions de petit chœur en coulisses, « dans un salon voisin » selon la partition, pâtissent légèrement de l’acoustique du lieu, avec un son un peu trop lointain. De premières apparitions (pour Polydore et un Centurion), à la charge de solistes issus du chœur, manquent quelque peu à leur attribut. Mais vite, le climat s’installe. Avec un Hérode incarné par la prestance souveraine de Jean Teitgen. Excellente incarnation également, que celle de Marie par la mezzo toute en subtilités d’Anna Stéphany, à laquelle Jean-Sébastien Bou donne la juste réplique d’un ferme Joseph. Frédéric Antoun campe un Récitant bien lancé dans ses premiers récits, puis d’une ardeur diaphane, séraphique, dans son sublime arioso final. Pour sa part, Jan Van der Grabben, lui aussi venu du chœur, constitue une magnifique surprise, Père de famille d’une autorité vocale assurée et d’une expression affirmée.
 
Le Chœur de la Radio Flamande excelle comme toujours, emporté quand il faut (dans ses répliques à Hérode) et nimbé de couleurs immatérielles (ses pages finales a cappella). L’Orchestre de chambre de Paris accomplit sa mission, dans l’éclat (du seul passage de cuivres après l’air tumultueux d’Hérode) et un soutien en sonorité estompée en accord avec une œuvre qui l’est autant.
 
Pierre-René Serna

Paris, Philharmonie (Grande Salle), 12 janvier 2019.

Photo © Jean-Baptiste Millot

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