Journal

​Le Trio Consonance et « Interdit aux compositeurs de + de 16 ans » au Centre de musique de chambre de Paris / Salle Cortot – Jeunesse en dialogue – Compte-rendu

 
Les activités ont repris au Centre de musique de chambre de Paris ! Et en beauté avec un programme en deux volets (à découvrir jusqu’au 10 décembre) qui, comme toujours, s’ouvre par le rituel « Single » de 19h30, confié en l’occurrence au Trio Consonance. Sans doute ne connaissez-vous pas encore cette formation dont la naissance est récente puisqu’elle résulte de la rencontre de Ryo Kojima (violon), Jérémy Gabarg (violoncelle) et Kojiro Okada (piano) lors du bœuf de fin de saison du Centre de musique de chambre, il y a trois ans. Le courant est passé entre les jeunes instrumentistes, si fort et si bien qu’ils ont multiplié les apparitions en commun par la suite et finalement décidé de se constituer en trio.
 

Trio Consonance © Charly Mandon

Consonance : on ne saurait mieux suggérer l’osmose qui règne entre les trois artistes ;  le Trio n° 2 op. 66 (1845) de Mendelssohn – l’un des sommets de la musique de chambre de l’auteur –  en offre une convaincante illustration. Energico e con fuoco ... Le feu est bien là, mais tout intérieur dans l’Allegro initial : le ton est donné ! Kojira Okada se montre pleinement à la hauteur d’une partie de piano qui ne lui laisse aucun moment de répit et apporte une remarquable assise à une interprétation dont les lignes se dessinent fermement dans un intense dialogue avec les archets. Les voix s’enlacent avec tendresse et fluidité dans l’Andante, avant la course étincelante du Scherzo et un finale enlevé avec un large souffle.
 
L’entente du Trio Consonance se confirme en bis dans l’Andante du Trio pour piano n° 1 d’Enesco, œuvre de jeunesse dont les instrumentistes distillent le lyrisme avec beaucoup de chaleur. Ils viennent d’ailleurs de signer une séduisante version de ce rare ouvrage de jeunesse (vers 1897) du Roumain – plein d’influences, du romantisme germanique au premier chef, mais très attachant – à retrouver dans un enregistrement (1), réalisé sous les auspices de la Chapelle Reine Elisabeth, présentant par ailleurs la Sonate pour violoncelle op. 8 de Kodály (par J. Gabarg et K. Okada) et le 1er Quatuor « Sonate à Kreutzer » de Janáček (sous les archets de Shuichi Okada, Alexandre Pascal, Violaine Despeyroux et J. Gabarg).
 

© Charly Mandon
 
Après la pause et un « Freshly composed » au cours duquel Jonathan Bénichou a présenté au clavier des éléments d’un quatuor à cordes en cours de composition, la scène de Cortot retrouve le spectacle « Interdit au compositeurs de + de 16 ans », créé en mars 2017 au Centre.
Le décor façon chambre d’ado et l’esprit très décontracté introduit par les interventions vidéo, bien rythmées, du youtubeur (Léandro Peralta est à l’œuvre cette fois) sont toujours de mise, avec une équipe d’instrumentistes complètement renouvelée : Eva Zavaro, Iris Scialom, Anna-Li Hardel et Ryo Kojima (violons), Clément Pimenta et Lisanne Schick (altos), Léo Guiguen et Jean Baptiste Maizières (violoncelles) et Kojiro Okada.

Le par cœur et les déplacements pendant l’exécution des œuvres demeurent la règle et, de l’Adagio du Divertimento K 131 de Mozart à l’Octuor de Mendelssohn placé en conclusion (et prétexte du spectacle), en passant par Chopin (la Polonaise « Adieu à Kohlberg », d’un chic remarquable sous les doigts de K. Okada), Schubert (Scherzo du 10e Quatuor D. 87), Mahler (le Mouvement de quatuor avec piano, restitué de très prégnante façon) et Tomer Kviatek (la tonique Danse devant l’Autel du Sacrifice, écrite spécialement par le compositeur israélien pour le spectacle en 2017), l’équipe réunie sous la direction artistique de Jérôme Pernoo force une fois de plus l’admiration par sa préparation, son naturel et son aisance. Si vous avez manqué le spectacle il y a cinq ans, n’hésitez pas. Si vous le connaissez, courrez le retrouver, d’une fraîcheur intacte. Dans tous les cas, arrivez dès 19h30 rue Cardinet pour le Mendelssohn du Trio Consonance !
 
Alain Cochard

(1)        « Parlando » (œuvres de Kodály, Enesco, Janáček) – 1 CD Fuga Libera FUG 802.
 

Paris, Centre de musique de chambre de Paris, 1er décembre 2022 ; prochaines représentations les 8, 9 & 10 décembre 2022 (19h30 et 21h) // www.centredemusiquedechambre.paris/concerts/interdit-aux-compositeurs-de-16-ans/
 
© Charly Mandon

Partager par emailImprimer

Derniers articles