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Le Testament de la tante Caroline à l’Athénée – Un Roussel inattendu

On a eu l’occasion de le déplorer il y a peu, le 150e anniversaire de la naissance d’Albert Roussel est « fêté » en France avec beaucoup trop de discrétion. On relève heureusement quelques exceptions, tel ce concert à l’Ecole Normale de Musique début avril (1) ou la production du Testament de la tante Caroline qui s’installe à l’Athénée du 6 au 13 juin. L’initiative n’est pas pour étonner de la part d’une scène découvreuse s’il en est, ni de celle des Frivolités Parisiennes, compagnie fondée et menée – avec quel talent ! – par Benjamin El Arbi et Mathieu Franot.

Sur un livret de Nino (qui avait collaboré avec Jacques Ibert pour Persée et Andromède une décennie auparavant ), Roussel écrivit le Testament de la tante Caroline entre 1932 et1933. Une œuvre qui « n’a aucune prétention à innover [et] s’efforce simplement d’être claire, agréable à entendre, accessible à tous », disait-il de son unique incursion dans le domaine de l’opéra-bouffe. Tante Caroline est morte, laissant un testament en faveur du premier enfant né d’une de ses trois nièces. Deux d’entre elles, mariées, ne peuvent enfanter. La troisième, vieille fille dévote, a fauté dans sa jeunesse et a un fils ... que l’on finit par retrouver, évidemment ! Musique pour le plaisir, « instant de délassement » selon la formule de Françoise Andrieu, le Testament fut créé (en tchèque) à Olmütz le 14 novembre 1936. La première française se déroula quelques mois plus tard, le 11 mars 1937 à l’Opéra-Comique, sous la baguette de Roger Désormières et dérangea quelques pisse-froid – « spectacle déplacé » protestaient-ils ...

© Centre international Albert Roussel

Voilà qui est très bon signe, tout comme de voir se reformer le tandem réunissant les Frivolités Parisiennes et le metteur en scène Pascal Neyron. On n’est pas près d’oublier en effet leur Farfadet de Adam en 2016, ni Gosse de riche d'Yvain l’année suivante, l'un et l'autre au théâtre Trévise à Paris. Deux réjouissants spectacles qui augurent du meilleur pour un Testament dont l'affiche rassemble Marie Perbost, Fabien Hyon, Marion Gomar, Charles Mesrine, Marie Lenormand, Romain Dayez, Lucile Komitès, Aurélien Gasse et, enfin, Till Fechner dans le rôle de Maître Corbeau, l’exécuteur testamentaire de la tante Caroline, tous sous la tonique direction de Dylan Corlay.

Ajoutons pour conclure que la production a bénéficié des conseils musicaux de Pierre Girod et de l’indispensable Christophe Mirambeau - dont la mise en scène du Normandie de Misraki avec les Frivolités a été très remarquée il y a peu (2). Esprit et fous rires en perspective !

Alain Cochard

(1) www.concertclassic.com/article/lecole-normale-de-musique-alfred-cortot-rend-hommage-albert-roussel-une-heureuse-exception
(2) www.concertclassic.com/article/normandie-par-les-frivolites-parisiennes-au-theatre-imperial-de-compiegne-joyeuse-traversee
 
Roussel : Le Testament de la tante Caroline
6, 7, 11, 12 et 13 juin 2019
Paris – Athénée Théâtre Louis-Jouvet
www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/le_testament_de_la_tante_caroline.htm

Photo © Pierre Michel

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