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Le Roi et moi au Théâtre de la Croix-Rousse de Lyon - Anna et le Siam – Compte-rendu

Jean Lacornerie reprenait en cette fin d’année sa mise en scène si émouvante et si élégante de la délicieuse comédie musicale de Rodgers et Hammerstein Le Roi et moi avec laquelle il avait refermé sa seconde saison au Théâtre de la Croix-Rousse en 2008.

Spectacle idéal pour la fin d’année, avec une magie de conte mais allant plus loin. La découverte du Siam par Anna et son fils Louis, tremblant d’appréhension devant l’inconnu au débarquement à Bangkok, est l’occasion d’une confrontation subtile entre Asie et occident, avec cette touche intime très particulière qui signait les mémoires d’Anna Leonowens et s’est infiltrée jusque dans le film célèbre de Walter Lang ou l’Anna de Deborah Kerr donnait la réplique au Rama IV de Yul Brynner. Au-delà des différences culturelles, l’accord jamais très loin de l’amour trouvé entre les deux protagonistes met une touche de romance pudique qui  prolonge l’émotion du récit.

Eh bien, tout cela Jean Lacornerie l’a transcrit dans son propre vocabulaire poétique avec une simplicité désarmante, et en voulant y faire entrer cette frange toujours insaisissable du public que sont les enfants. Pari gagné. La direction d’acteur intègre  quelque éléments de la gestique thaïlandaise, les costumes et les coiffures sont finement réalisés,  les éclairages  réglés avec art et les grands pans de dentelles ouvrent ou referment l’espace, participant au premier chef du théâtre d’ombres du début.

On ne change pas une équipe qui gagne : Edwige Bourdy est Anna avec un naturel confondant, toujours bienveillante et subtilement volontaire dans ses rapports avec Rama où rayonne l’athlétique Jacques Verzier, dont la performance se démarque subtilement du modèle imposé par Brynner. Catherine Séon, toujours aussi élégante en Lady Thiang, solistes et chœur de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon parfaits jusque dans une certaine timidité, avec une mention spéciale pour le Louis de Léo Caniard, ensemble instrumental emmené avec lyrisme par Karine Locatelli : on sortait du théâtre un rien ému par ce spectacle si simple mais qui vise juste.  Et avec l’envie de se replonger illico dans « The English Governess at the Siamese Court », mémoires du séjour thaïlandais d’Anna Leonowens dont fut tiré Le Roi et moi.

Jean-Charles Hoffelé
 
Rodgers & Hammerstein : Le Roi et moi – Lyon, Théâtre de la Croix-Rousse, 20 décembre, prochaines représentations les 23, 27 et 28 décembre 2014. www.croix-rousse.com

Photo © Jaime Roque de la Cruz
 

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