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Le Barbier de Séville à Lille - Un Figaro survolté - Compte-rendus

A rebours d’un certain penchant pour la vraisemblance, à l’œuvre entre autres chez Coline Serreau et Damiano Michieletto, le Barbier de Jean-François Sivadier ne cherche pas tant à raconter une histoire qu’à filer les situations, ce qu’il réussit avec brio au premier acte, moins au second. On retrouve les éléments scénographiques habituels de son travail : espace de jeu étendu à l’ensemble de la salle, toiles de fond flottantes, un décor réduit à ses éléments ergonomiques – chaises, rideaux, etc. Le tout distille un humour poétique et fugace, à l’instar du ballon en suspension qui s’allume comme un lampadaire.

Une telle économie de moyens ne peut évidemment fonctionner sans l’inventivité des interprètes et le jeu d’acteur, hélas, peine parfois à se renouveler. Mais heureusement Armando Noguera, Figaro insolent, entraîne le public à la ola et contribue au dynamisme de la soirée par sa vocalité éminemment buffa, authentique synthèse de sensibilité musicale et d’intentions comiques. L’exquise Rosine d’Eduarda Melo ne lui cède en rien et assume crânement sa légèreté pétillante de soprano s’envolant dans de brillantes ornementations.

En Almaviva, Taylor Stayton séduit par sa fraîcheur, même s’il se complaît un peu trop au II dans la voix contrefaite et nasale d’Alonso. A l’unisson de cette distribution juvénile, Bartolo échappe à la caricature, mais la décence de Tiziano Bracci ne peut faire oublier un legato court, tandis qu’Adam Palka manque encore de maturité pour incarner un Basile autre que techniquement valable. Ce qui n’est pas le cas de la Berta de Jennifer Rhys-Davies, campée avec plus d’efficacité que d’originalité.

Aux cotés de comprimari satisfaisants, le Chœur de l’Opéra de Lille, préparé par Yves Parmentier, démontre une belle vitalité, au diapason de l’énergique et subtile direction d’Antonello Allemandi. Sous sa baguette, l’Orchestre de Picardie affirme de beaux contrastes, dynamiques et savoureux, et un plaisir collectif qui réjouit l’oreille.

Gilles Charlassier

Rossini : Le Barbier de Séville – Lille, Opéra, 23 mai 2013, prochaines représentations, les 26, 28, 30 mai et 2 juin 2013

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Photo : DR
 

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