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​Le Ballet de Milan à la Salle Pleyel – Chaud le show – Compte rendu

C’est un spectacle qui joue sur la séduction, et elle seule. Et comme l’argument est faible, il commence bien et finit moins bien. On n’en est pas moins content de découvrir ce Ballet de Milan, jolie troupe faite de danseurs dont à l’évidence la formation classique est plus qu’accomplie et qui viennent d’ailleurs de s’installer dans une belle salle, le Teatro di Milano. Beaux en-dehors, cous de pieds parfaits, solides équilibres, levés de jambe comme ils sont de mise désormais dans le ballet classique, lequel flirte ainsi avec le cirque. La troupe, dirigée par Carlo Pesta, a trente années d’existence et un profil mal défini, même si les Russes notamment apprécient ses performances. On aurait aimé la voir dans un programme de teneur plus néoclassique pour voir de quoi ils étaient capables sur le plan du style.
 
Mais on a eu, dans une salle Pleyel peu faite pour la danse, et dont bien des fauteuils sont désormais défoncés, un spectacle bon enfant dans sa première partie, nettement plus accrocheur et un rien vulgaire dans sa seconde. Comment résister en premier lieu, aux merveilleux textes de nos grands poètes de la chanson, les Brel, Montand, Piaf et Aznavour surtout, dont chaque chanson était mimée avec charme et glamour par ce petit groupe de jeunes et beaux danseurs, dont le programme ne daigne pas donner les noms. Bref, un collectif… Emouvant, piquant, et un peu lassant à la longue. Mais on n’avait guère envie de bouder son plaisir au vu de cette Vie en rose qui se voulait vibrant hommage à la France.
 
La deuxième partie, malheureusement, mettait en scène le Boléro de Ravel, qui en a vu d’autres, mais a surtout permis l’éclosion de quelques chefs-d’œuvre, celui de Béjart en tête. L’ouvrage, on le sait, tient sur une corde raide : il y faut de la finesse, de l’intensité provocante sans vulgarité, de la sensualité sans le bas de gamme de l’érotisme. Et là, mis en scène par la chorégraphe Adriana Mortellini, l’on a vu des couples s’ébattre furieusement, sans axe autre que celui d’une sorte de grande partouze. De cabaret, le spectacle virait au casino. Ces beaux danseurs valent mieux que cela.
 
Jacqueline Thuilleux

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Paris, Salle Pleyel, le 11 janvier 2017

Photo © Ballet de Milan

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