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Le 66 aux « Dimanches d’Offenbach » de la Péniche Opéra – Le bon numéro - Compte-rendu

Intégrale des opérettes en un acte d’Offenbach : nous n’en sommes encore, ce dimanche 2 février, qu’à la deuxième étape d’une entreprise qui s’étalera sur plusieurs années, mais le succès est déjà là. Nul ne s’étonne qu’en des temps où les professionnels de la sinistrose ne savent où donner de la tête, le public cherche un parfait antidote : l’esprit, l’humour, le sens du rire et… le génie musical de l’auteur d’Orphée aux enfers.

Sus aux rabat-joie ! La Péniche Opéra est pleine comme un œuf pour une séance consacrée à l’opéra-comique ou opérette - on trouve les deux dénominations  - Le 66 (un ouvrage créé en 1856). C’est à Jean-Christophe Keck (photo), grand offenbachien devant l’Éternel, que l’on doit l’initiative des « Dimanches d’Offenbach » qu’accueille la compagnie lyrique dirigée par Mireille Larroche. Un bosquet d’œuvres célèbres cachant une forêt : l’image utilisée par J .C. Keck dans son propos liminaire décrit bien la situation de l’œuvre du grand Jacques. Un ouvrage rare est donc à l’affiche, chaque premier dimanche du mois, pour un concert-lecture, avec accompagnement de piano, précédé d’une présentation et… de quelques amuse-gueule musicaux bien choisis.

A chaque dimanche, son parrain ou sa marraine : la soprano Edwige Bourdy est celle du 66 ; rien de plus légitime s’agissant d’une habituée de la Péniche et du répertoire d’opérette. Elle enlève avec drôlerie et tempérament un air, entre migraine et vapeurs, de La Fille du tambour-major, avant de laisser la place à deux des interprètes de l'œuvre à venir. On ne résiste pas plus au piquant de la jeune soprano Louise Pingeot dans l’air d’Edwige de Robinson Crusoé qu’à la ronde de Narcisse de Geneviève de Brabant par Christophe Crapez, qui se régale des mots avec le talent et la présence scénique qu’on lui connaît. Son talent et son professionnalisme lui auront aussi permis, tout comme à l’autre voix masculine du spectacle, le baryton François Harismendy, de préparer ce 66 en quelques jours pour faire face à l’indisponibilité des chanteurs initialement prévus.

Simplissime histoire, celle d’un billet de la loterie de Vienne lu dans le mauvais sens par le brave Franz (C. Crapez) en route d’Autriche vers Strasbourg avec sa gentille Grittly (L. Pingeot), où celle-ci se rend pour consoler une sœur qui croit avoir perdu son époux. Ils croisent Berthold, un colporteur (F. Harismendy), qui leur annonce que le 66 est gagnant. Ivresse de la fortune, puis, patatras !, désespoir… du 99, vite dissipé par le happy end : le colporteur se révèle être le beau-frère que l’on croyait mort !

Côté jardin, assis face au pupitre, J.C. Keck dirige son équipe, tel un chef en amont du travail avec orchestre, et assure la lecture des didascalies. Point de mise en scène, juste deux mouchoirs et un changement de tenue pour Franz ; mais pas une seconde de temps mort au cours d’un concert où, portés par l’accompagnement pianistique soigné et vivant de Sébastien Joly, les interprètes dessinent fermement leurs personnages et jouent de cette proximité avec le public qui fait tout le charme de la Péniche.
La compagnie du quai de Loire a tiré le bon numéro en se lançant les « Dimanches d’Offenbach » : les spectacles sont déjà quasi complets jusqu’en juin !

Alain Cochard

Offenbach : Le 66 – Paris, Péniche Opéra, 2 février 2014
www.penicheopera.com

Photo © Jean-Christophe Keck

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