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L’Aiglon de Ibert & Honegger à l’Opéra de Marseille – Sans une ride – Compte-rendu

L’Aiglon (composé en commun par Jacques Ibert et Arthur Honegger), malgré son succès à la création en 1937, est rarement représenté. Cette production de l’Opéra de Marseille (2004), reprise à Lausanne et à Tours, revient dans la cité phocéenne.
 
La mise en scène originelle de Patrice Caurier et Moshe Leiser – dont Renée Auphan a assuré la pérennité – conserve élégance, puissance dramatique avec l’évocation de la Cour de Schönbrunn où le roi de Rome est exilé, l’héroïsme fantasmé de la bataille de Wagram et la mort pathétique de L’Aiglon. Les décors expressifs de Christian Fenouillat alternent onirisme fantastique et atmosphère subtile des tableaux de Watteau ou de Lancret, à l’image des styles musicaux contrastés des deux compositeurs.   

© Christian Dresse / Opéra de Marseille

La distribution, très homogène, résulte d’un travail d’équipe d’une efficacité aussi bien scénique que vocale. Stéphanie d’Oustrac illumine le rôle-titre par l’aisance d’un chant capable de triompher des embûches semées en chemin, avec fougue, passion, engagement et intensité. Tous les protagonistes méritent d’ailleurs des éloges : la Marie Louise princière de Bénédicte Roussenq, la lectrice Thérèse de Lorget très finement interprétée par Ludivine Gombert et la Comtesse Camarata de Sandrine Eyglier. Du côté masculin, pleinement investi sur le plan théâtral, Marc Barrard incarne Flambeau, un grognard qui n’a pas perdu ses illusions de gloire malgré la défaite de l’Empire ; Franco Pomponi campe un Metternich détestable à souhait, sûr de son autorité, de son mépris et de sa capacité de nuisance ; Antoine Garcin (le Maréchal Marmont), Yves Coudray  (Frédéric de Gentz) ou encore Eric Vignau (en attaché militaire français) tiennent avec bonheur les seconds rôles.

A la tête d’un Orchestre de l’Opéra de Marseille réactif, concentré et bien préparé, Jean-Yves Ossonce se montre à nouveau à son meilleur : il sait distiller couleurs et nuances avec souplesse, impulser la tension et faire constamment preuve de clarté dans l’étagement des plans sonores, contribuant très largement à la réussite de ce spectacle qui n’a pas pris une ride.

Michel Le Naour

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Ibert/Honegger : L’Aiglon - Marseille, Opéra, 18 février 2016
 
Photos © Christian Dresse

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