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La Petite Renarde rusée à l’Amphithéâtre de la Bastille - Gambades et espiègleries - Compte-rendu

Spectacle tout public de l’Académie de l’Opéra de Paris, La Petite Renarde rusée retourne sur les lieux de sa création en 2009, l’Amphithéâtre de la Bastille, après une tournée en 2011-2012. Les ingrédients restent inchangés, sauf pour le plateau vocal qui fait appel aux nouvelles recrues de l’Académie. Et le plaisir reste intact.
 
Alexander Krampe a juste retouché son arrangement instrumental, ajoutant un accordéon aux quintette à cordes et quintette à vents étoffés de percussions. L’ensemble sonne à ravir, sous la battue précise de Denis Comtet, retrouvant à s’y méprendre cette couleur métallique propre à Janáček. Et les chanteurs, dont les solistes du Chœur d’enfants Sotto Voce, de s’y fondre avec délices. Vladimir Kapshuk, le Forestier, Julia Szproch, la Renarde en question, Albane Carrère, le Renard compagnon, João Pedro Cabral, le Chien, ou Clémence Poussin, la Femme du Forestier, campent fermement leurs attributs vocaux et expressifs avec la dose d’espièglerie qui sied. Parés de beaux élans lyriques chez la mezzo Szproch.
 
Pour cette adaptation (écourtée par rapport à l’opéra original), Irène Kudela a traduit en français les parts du livret dévolues aux personnages humains, alors que les animaux persistent à s’exprimer en tchèque – langage animalier comme un autre. Heureuse idée… Mais qui reste un peu sur le papier ou les surtitres, tant le français émis semble lui-même mâtiné de tchèque (sinon d’ukrainien). Conséquence induite des divers horizons linguistiques d’où proviennent les chanteurs de l’Académie. Au risque de s’y perdre un peu, pour qui n’est pas parfaitement avisé des péripéties de ce fabliau panthéiste de renards chapardeurs en butte aux humains du terroir, imaginé par Janáček en 1924.
 
Charlotte Nessi l’illustre pourtant au mieux, entre les mignonnes gambades de sa mise en scène, des costumes et déguisements moqueurs, sur un plateau percé de quelques alvéoles en forme de terriers ou poulaillers (puisque les renards de l’histoire se disent friands de lapins et poulets) et devant un fond de mur recevant de suggestives projections. Un rêve d’enfant, l’instant d’une heure, et un croustillant exercice lyrique pleinement mené.
 
 Pierre-René Serna

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Janáček : La Petite Renarde rusée – Amphithéâtre de la Bastille, Paris, 9 avril ; prochaines représentations les 12, 13, 14 et 16 avril 2016. www.operadeparis.fr/billetterie/67-la-petite-renarde-rusee

Photo © Xavier Pinon / Opéra national de Paris
 

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