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La Colombe de Gounod et Le Pauvre Matelot de Milhaud par l’Opéra Studio de l’OnR - De la comédie au drame

Tout oppose La Colombe (1861) de Charles Gounod et Le Pauvre Matelot (1927) de Darius Milhaud, sinon leurs formats relativement brefs et l’histoire d’une attente amoureuse. Le pari de rapprocher ces deux partitions assez distantes dans le temps est aussi de confronter deux styles qui n’ont rien à voir. Gounod s’inspire de La Fontaine comme il l’avait fait juste avant avec son Philémon et Baucis (1860), mais Barbier et Carré ont transformé le faucon de la fable en un oiseau plus aimable, une colombe, objet du désir de la Comtesse Sylvie laquelle est convoitée par les langueurs amoureuses d’Horace. Un déjeuner où Sylvie croira avoir mangé la colombe scellera cet amour improbable.
Pour Le Pauvre Matelot, Cocteau s’est inspiré d’un fait divers sordide : un matelot revient chez lui en se faisant passer pour un riche étranger et se fait tuer par sa femme. « Complainte en trois actes » indiquent les auteurs. L’œuvre est d’une force certaine, tout en économie de moyens comme de style, et c’est tout bien pesé le chef-d’œuvre lyrique de son auteur, loin devant Christophe Colomb.

Pour alterner la comédie et le drame, la régie de Stéphane Vérité (également concepteur d’images numériques d’un grande importance dans cette production) cherchera certainement à trouver dans la légère comédie de La Colombe quelques arrière-plans plus sombres : il y en a, ne serait-ce que la pauvreté d’Horace. En tous cas ces deux ouvrages plutôt rares seront un joli coup double pour découvrir les recrues de l’Opéra Studio (photo) de l’Opéra national du Rhin et l’on est curieux de la Sylvie de Gaëlle Alix, comme de l’Horace de Jean-Christophe Born. Pour Le Pauvre Matelot, Sunggoo Lee et Krisitna Bitenc mèneront la terrible méprise à son terme.

Jamais avare de découverte, Claude Schnitzler dirigera tout ce petit monde avec l’esprit et l’art qu’on lui connaît. Le spectacle se voit à Colmar en avril, à Mulhouse en mai, puis à Strasbourg en juillet après avoir fait escale mi-juin à Paris pour quatre soirées à l’Athénée.

Jean-Charles Hoffelé
 
Gounod : La Colombe / Milhaud : Le Pauvre Matelot
Solistes de l’Opéra Studio de l’Opéra national du Rhin
Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Orchestre Lamoureux (pour les représentations à Paris), dir. Claude Schnitzler

Colmar, Théâtre, 4 et 6 avril
Mulhouse, La Sinne, 6 et 10 mai
Strasbourg – Opéra, 1er et 3 juillet 2014
www.concertclassic.com/concert/la-colombe-de-gounod-et-le-pauvre-matelot-de-milhaud

Paris – Athénée Théâtre Louis-Jouvet
11, 13, 14 et 15 juin 2014
/www.concertclassic.com/concert/la-colombe-le-pauvre-matelot
 
Photo © Frédéric Godart

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