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« Kurt Weill Story » à l’Amphithéâtre de la Bastille - Académie en chansons - Compte-rendu

Repris d’un travail d’atelier en 2015, Kurt Weill Story investit l’Amphithéâtre de la Bastille. Le spectacle, imaginé et mis en scène par Mirabelle Ordinaire, s’échafaude à partir de différentes pages de Kurt Weill, dans un éventail diversifié propre à mettre en valeur la nouvelle génération des jeunes interprètes de l’Académie de l’Opéra de Paris. Une séance d’audition de chanteurs sert alors de fil conducteur, avec les prestations successives des postulants, pimentées de leurs rivalités et complicités pour rehausser la trame. Ou l’occasion de démontrer un savoir-faire déjà largement accompli.
 
Alternent ainsi pas moins de douze chanteurs, accompagnés de deux pianos sous les doigts de Benjamin d’Anfray, Enrico Cicconofri et Alessandro Praticò, également chefs de chant, d’instrumentistes d’un quintette à cordes, tous issus de l’Académie et participant pleinement à l’action théâtrale. Quelques dialogues rapides et joyeux font le lien entre vingt-deux airs, ou plutôt chansons d’esprit réaliste, puisées aux compositions de Weill depuis ses pièces fameuses de la période berlinoise jusqu’à ses opérettes pour Broadway en passant par son époque parisienne, sur des textes en allemand, anglais et français, avec une petite digression en italien du côté de Puccini et son célèbre Vissi d’arte de Tosca. Où se confirme, chemin faisant, que la veine mélodique corrosive de Weill s’est assagie passant l’Atlantique dans une manière devenue plus sirupeuse.

© Studio j'adore ce que vous faites
 
Le bouquet des voix féminines y affirme son excellence, chant assuré et un jeu scénique tout autant, par l’art et la technique de Pauline Texier, Jeanne Ireland, Farrah El Dibany, Sofija Petrović, Marianne Croux, Angélique Boudeville et Sarah Shine. Leur pendant masculin n’est pas en reste de ferme répondant, avec Jean-François Marras, Juan de Dios Mateos et Danylo Matviienko. Autant de chanteurs éprouvés dont on a pu déjà apprécier en maintes circonstances le métier affirmé.
 
La mise en scène s’en tient pour sa part à des allées et venues placées en juste situation mais assorties d’une bonne dose d’humour, autour d’un simple escabeau et des deux pianos sous des éclairages appropriés. La direction musicale de Benjamin Laurent mène tout ce gentil monde avec précision, sensible notamment dans les ensembles et particulièrement lors du final collectif, comme de juste bien enlevé. Un spectacle tout public et plus spécialement destiné aux enfants, comme souvent avec les réalisations de l’Académie, des mieux réussis et qui atteint son objectif d’une séduction directe et immédiate.
 
Pierre-René Serna

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 « Kurt Weill Story » – Paris, Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, 17 mars. 2018 ; prochaines représentations : tout public, 21, 23, 24 mars (à 20 h) ; scolaires, 19 et 22 mars (à 14 h) / www.operadeparis.fr/saison-17-18/opera/kurt-weill-story

Photo © Studio j'adore ce que vous faites

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