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Kit Armstrong en récital aux Bernardins - Un talent prometteur - Compte-rendu

L’Américain Kit Armstrong, 18 ans, est déjà précédé, malgré son jeune âge, d’une réputation acquise très tôt aux Etats-Unis par sa précocité de pianiste et de compositeur. Installé à Paris depuis peu (il y prépare un Master de mathématiques), il est le disciple d’Alfred Brendel qui lui prédit une brillante carrière. Armstrong vient d’ailleurs de remporter le Concours Leonard Bernstein dont Lang Lang avait été lauréat en 2003.

La soirée du Collège des Bernardins permettait de faire connaissance avec un artiste qui s’est produit à Leipzig avec Riccardo Chailly et a déjà participé au Festival de Verbier. Dès le Concerto italien de J-S. Bach, la précision, la netteté des attaques, la souplesse de la ligne donnent une impression de perfection formelle. Ne manque qu’un soupçon d’introspection dans l’Andante, plus transparent que senti. Même aisance digitale dans la Sonate en ré majeur « La Chasse » de Mozart, d’une conception proche de celle de Brendel où, sous le naturel apparent, se cache une analyse des moindres détails de la partition.

Les 6 Variations de sa propre composition ont une tonalité webernienne et l’intelligence de l’artiste transparaît dans les explications très pédagogiques données à un public attentif. Suivent trois préludes de Debussy (Danseuse de Delphes, Voiles, Le vent dans la plaine), qui s’avèrent aussi délicats que rigoureusement construits. Avec La Leggierezza et Saint François d’Assise prêchant aux oiseaux de Liszt, la grâce et l’élégance survolent la seule virtuosité. Une telle palette sonore et une expression aussi personnelle ne peuvent être assurément que bénies des dieux.

Michel Le Naour

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Paris, Grand Auditorium du Collège des Bernardins, 18 mars 2010

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