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Katia Kabanova aux Bouffes du Nord - Un Janacek chambriste

Cette Katia Kabanova audacieusement confiée à André Engel (photo) que l’on verra dans la poétique déglingue des Bouffes du Nord est d’abord le fruit du travail des jeunes artistes de la Fondation Royaumont (Kelly Hodson, José Canales, Elena Gabouri, Paul Gaugler, Michel Hermont, etc.) et en quelque sorte en premier lieu une entreprise pédagogique, chaque chanteur y étant fatalement confronté à une prise de rôle.

L’entreprise est courageuse et risquée à la fois, la rencontre de jeunes artistes avec un metteur en scène aussi chevronné qu’André Engel un défi supplémentaire plutôt qu’un confort. Katia sera privée de son orchestre, un piano seul lui servira de garde-fou (1). La belle affaire ! Janacek entendit si clairement l’ouvrage dans sa tête lors de la découverte de la pièce d’Ostrovski dans la traduction de Vincenc Cervinka au Théâtre de Brno en mars 1919 – l’opéra fut achevé deux ans plus tard -, qu’un unique piano rendra bien compte de cette limpidité, laissant les chanteurs seuls devant la vérité de leurs personnages. On a déjà vu à quel vrai spectacle pouvait conduire ce type de « déshabillage » : souvenez-vous des « Impressions de Pelléas », adaptation de l’ouvrage de Debussy par Marius Constant et Didier Puntos (en 1992 aux Bouffes du Nord).

La direction musicale du projet est confié à Irène Kudela qui veillera à ce que la langue tchèque, ce paramètre essentiel de la dramaturgie de Janacek, soit respectée. C’est l’autre enjeu majeur de cette expérience qu’on attend de découvrir avec impatience.

Jean-Charles Hoffelé

(1) Nicolas Chesneau et Martin Surot alternent au clavier

Janacek : Katia Kabanova Du 17 janvier au 4 février 2012
Paris - Théâtre des Bouffes du Nord
www.bouffesdunord.com

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Photo : DR
 

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