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Justin Taylor en récital au Festival de Radio France Occitanie Montpellier – Entre poésie et jubilation – Compte-rendu

Changement de programme : Lukáš Vondráček, Premier Prix du Concours Reine Elisabeth de piano 2016, avait été annoncé pour le concert de midi du 24 juillet à la salle Pasteur ; un autre Premier Prix le remplace, de clavecin celui-ci : Justin Taylor (photo). Depuis sa victoire à Bruges en 2015, la réputation du Français va grandissant, en solo comme en musique de chambre au sein du remarquable Taylor Consort (on bout d’impatience de découvrir le disque de cantates françaises qui se prépare chez Alpha avec la mezzo Eva Zaïcik !).

Les amateurs de musique baroque ne manquent pas l’évidence à Montpellier et c’est devant une salle archi-pleine que J. Taylor reprend le programme « Chromatismes » qu’il a souvent donné au cours des mois passés. La Fantaisie chromatique et Fugue de Bach ouvre le récital ; son mélange d’autorité et de liberté signale un interprète maître de ses doigts autant que de ses idées. On n’adhère pas moins à L’Enharmonique et L’Egyptienne de Rameau, parenthèse française qui souligne l’art du soliste pour la variété des attaques avant le retour de Bach et une Toccata en mi BWV 914 dont la fugue s'avère pure jubilation de l’esprit et du cœur.

Justin Taylor © Pablo Ruiz

Tout  coule de source sous les doigts du jeune interprète, bientôt lancé dans la Suite en la de Rameau. Pas un maniérisme, pas une chipoterie au cours la Sarabande dont Taylor vit avec émerveillement le surprenant parcours harmonique, dévoilant de merveilleux horizons poétiques. Il s’ébroue avec humour dans Les Trois Mains, saisit avec tact le charme discret de Fanfarinette, la lumineuse énergie de La Triomphante, et conduit avec une fière maîtrise la progression de la Gavotte variée conclusive.

On le suit avec le même bonheur dans le dédale de la Fantasia chromatica de Sweelinck, dans la Sonate K. 115 de Scarlatti et la Jupiter de Forqueray, deux dernières pièces où son art des caractères s’illustre une fois de plus, avant de prégnantes Barricades mystérieuses, bis couperinien qui résume l’art de Justin Taylor : poésie, plénitude sonore et simplicité absolue.

Alain Cochard

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Montpellier, Le Corum – salle Pasteur, 24 juillet 2017

Photo © Sandrine Expilly

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