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Jérome Granjon au Festival ClassiCahors 2019 – Retour à Bach

Sorti chez Hortus il y a quelques mois, le disque « Fantaisies du Second Empire » (1) a fait le bonheur des mélomanes curieux d’aspects méconnus de la musique française du siècle romantique, et leur a aussi permis de découvrir un duo peu ordinaire, celui formé par le piano et l’harmonium. On doit ce programme inattendu, constitué d’œuvres de Lefébure-Wely, Saint-Saëns et César Franck, à Jérôme Granjon (photo) (sur un Erard de 1902) et Emmanuel Pélaprat (sur un harmonium Mustel de 1898). Quant à l’idée de l’enregistrement, Rossini en est un peu responsable ...

Jérôme Granjon & Emmanuel Pélaprat © DR

La Petite Messe solennelle avec le Monteverdi Choir, sous la direction de Sir John Eliot Gardiner, à laquelle participaient J. Granjon et E. Péléprat à Marcillac en 2009 leur a en effet permis de faire connaissance : « Nous nous sommes très bien entendus, confie le pianiste, et sachant que je m’intéresse aux claviers historiques, Emmanuel a suggéré que nous nous lancions dans un projet discographique. Il existe tout un répertoire pour piano et harmonium, en duo ou avec d’autres instruments, qui se jouait dans les salons. Grâce à Emmanuel j’ai découvert beaucoup d’ouvrages, tels ces Six Duos de Saint-Saëns, pièces magnifiques, ou la Sonate op. 61 de Lefébure-Wely, perdue depuis 150 et que nous avons retrouvée. » Ces deux compositions figurent au programme d’un disque que complète le Prélude, fugue et variation de Franck. « Un travail passionnant, poursuit J. Granjon, comme l’avait été celui pour l’album « Chant de guerre » (œuvres de Schmitt, Jongen, Casella, Karg-Elert, Kunc) qu’Emmanuel et moi avons précédemment réalisé, avec la soprano Sonia Tempéré et la harpiste Sandrine Chatron, dans la collection « Musiciens de la Grande Guerre » d’Hortus (vol. 11).

Forts de leur belle entente et de leur curiosité commune, E. Pélaprat et J. Granjon ne comptent pas en rester là : « Nous avons vraiment envie de poursuivre l’exploration d’un répertoire qui correspond à toute une époque longtemps boudée mais à laquelle on revient ; des œuvres originales mais aussi de nombreuses transcriptions (de Wagner par exemple) qui, servies par nos instruments, révèlent une couleur inattendue."

Reste que l’été de Jérôme Granjon se place d’abord sous le signe de Bach avec le 1er Livre du Clavier Bien Tempéré, que le pianiste enregistre en concert ce 17 juillet sur le piano Opus 102 de Stephen Paulello et qu’il reprend lors de la soirée de clôture du Festival ClassiCahors le 31 juillet.
 « J’ai eu un grand choc en entendant un jour Daniel Barenboim jouer le Clavier Bien Tempéré ; j’ai mesuré combien la chose fonctionne bien en concert. C’est une musique fascinante qui « aspire » l’auditeur de manière irrésistible. J’ai précédemment eu l’opportunité de jouer le Livre II en concert et de l’enregistrer, et j’ai décidé de poursuivre avec le Livre I. Le Clavier Bien Tempéré est une œuvre qui rassemble énormément d’éléments de l’univers de Bach ; on songe au clavecin mais beaucoup à l’orgue aussi. Il y des arias que l’on imagine tirées d’une Passion, des moments où l’on se croit dans un concerto sur le modèle vivaldien, d’autres qui font songer à un Brandebourgeois, etc. Le piano moderne, utilisé de manière mesurée évidemment, possède une polyvalence propre à rendre compte de tout cela. » Sortie de l’enregistrement, en deux volumes séparés, prévue à une date encore indéterminée, chez Anima Records.
 

© DR

Dès septembre ce même éditeur, depuis longtemps fidèle à Jérôme Granjon, fera paraître un album Schumann auquel l’interprète tient énormément. « L’Humoresque et la « voix intérieure » (innere Stimme) de sa deuxième partie sont à l’origine du projet, précise-t-il. Cette notion de d’innere Stimme, tout comme celle d’innig (d’intime), présente quelque chose de profondément schumanien qui me touche particulièrement. Partant de là, j’ai complété le programme avec les Kreisleriana, œuvre très marquée par Bach où les voix intérieures jouent un rôle ô combien essentiel. J’ai aussi inséré une des fugues de Schumann, la 2ème Romance op.28 et un lied de Clara Schumann Geheime Flüstern hier und dort (Murmures secrets ici et là) chanté par la jeune soprano Margaux Poguet – une pièce que j’avais choisie bien avant de me rendre compte que l’on célèbre le bicentenaire de la naissance de l’artiste cette année. La figure de Clara est omniprésente dans l’Humoresque et les Kreisleriana et il me semblait important de lui donner la parole avec ce lied. »
De Schumann à Bach, il n’y a qu’un pas : rendez-vous le 31 juillet à Cahors (dès 19h30 !) pour le Livre I du Clavier Bien Tempéré !

Alain Cochard

(1) 1 CD Hortus (H 155)

Jérôme Granjon, piano
Bach : 1er Livre du Clavier Bien Tempéré
31 juillet 2019 – 19h30
Festival ClassiCahors
www.classicahors.com
Site de Jérôme Granjon : www.jerome-granjon.com/
 
Photo © DR

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