Afin de célébrer le centenaire de la création Sonate pour violon et piano de Debussy, donnée le 5 mai 1917 salle Gaveau par Gaston Poulet et l’auteur au piano (qui faisait sa dernière apparition en public), Dominique de Williencourt (photo) réunissait au théâtre des Champs-Elysées des amis musiciens avec lesquels il entretient depuis de nombreuses années un fidèle compagnonnage. Ce concert –  que l’Ambassadeur du Japon honore de sa présence – prend une dimension onirique grâce au maître de Nô Masato Matsuura dont les interventions, au moment de Syrinx (joué par Jean Ferrandis) et du Prélude à l’après-midi d’un faune (dans la transcription de Schoenberg), apportent une note d’exotisme grâce à une chorégraphie originale qui capte particulièrement l’attention.
 
Plusieurs créations françaises ou mondiales accompagnent l’hommage au compositeur français. L’Elégie « Comme un rêve éveillé » pour violoncelle et piano d’Emile Naoumoff  était mise en miroir avec L’Elégie de Fauré, et deux pièces de Dominique de Williencourt, « L’Attente » Sonate op. 20 pour violon et piano et « Les Êtres, là » op. 29 pour flûte, violoncelle et harpe d’après Être et Temps de Heidegger, montrent d’éventuelles influences tout en se démarquant du modèle debussyste par un recours au folklore et à la virtuosité instrumentale.
L’interprétation des trois sonates de Debussy bénéficie de la participation de la harpiste Marielle Nordmann, de l’altiste Bruno Pasquier et du flûtiste Jean Ferrandis, puis de celle de Dominique de Williencourt et Emile Naoumoff. Gérard Poulet, styliste incomparable, accompagné par Emile Naoumoff dans la Sonate pour violon et piano, retrouve l’esprit des origines qui présidait à la création de l’œuvre, sous l’archet de son père. Une soirée dense marquée du sceau de la générosité - et de l’admiration commune pour Claude de France. 
 
Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 22 mai 2017