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Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny au Capitole - Les petits plats dans les grands


Quelle critique plus flagrante et plus destructrice du capitalisme que Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny ? Brecht et Weill ont beau assurer que toute ressemblance avec les Etats-Unis serait fortuite, la ville de bordels et de tripots que construisent la veuve Begdick et ses acolytes s’engraisse aux champs aurifères des mineurs. La parabole est connue, rebattue, mais fait pourtant toujours bonne figure, sans cesse revisitée par des metteurs en scène conquis par un certain mélange des genres que l’œuvre proclame plus qu’elle ne l’assume.

Laurent Pelly (photo) devra prendre garde à une tentation, celle du cabaret, à laquelle il pourrait se laisser aller : car Mahagonny, aussi libre de ton fût-il, a en fait tout du grand opéra, dans ses structures, airs, duos, ensembles, scènes, comme dans ses références - on entend dans l’introduction une claire allusion au début de La Walkyrie qui est tout sauf un pied de nez.

Le Capitole met les petits plats dans les grands : Ivan Volkov, invité régulier de l’Orchestre maison(1), mène la tragédie - car c’en est une au fond -, Marjana Lipovsek sera la terrible Begdick, Chris Merritt Fatty, Nikolaï Schukoff Jim ; trio de choc pour une œuvre qui exige beaucoup de ses interprètes.

Jean-Charles Hoffelé

(1) Ilan Volkov dirige d’ailleurs l’ONCT, le 25 novembre à la Halle aux grains, dans un programme Mantovani, Beethoven, Dutilleux (le Concerto « Tout un monde lointain avec Gautier Capuçon au violoncelle).

K. Weill : Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny
Toulouse - Théâtre du Capitole

19, 21, 23, 26 et 28 novembre 2010

www.theatre-du-capitole.fr

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Photo : DR

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