Journal

Florian Noack en récital aux Pianissimes - Un talent singulier

Le public français découvre peu à peu Florian Noack, et - pourquoi le cacher ? - Concertclassic n’est pas peu fier d’avoir parrainé sa première apparition parisienne dès 2009 dans le cadre du Salon Musicora. Depuis, on a pu entendre le jeune artiste belge dans des festivals tels que Piano en Valois, Les Nuits de la Citadelle, L’Esprit du Piano, Piano en Saintonge, Bagatelle ou Annecy. A chaque fois l’auditeur a pu prendre la mesure d’un talent singulier, virtuose étincelant et musicien accompli, qui renoue avec l’esprit du romantisme en proposant régulièrement des transcriptions et des paraphrases de son cru.

Né en 1990, formé à la Chapelle Reine Elisabeth puis à la Musikhochschule de Cologne, Florian Noack a très tôt été en contact avec le public et cette conjugaison des études et de l’expérience du concert n’est sûrement pas étrangère à la présence et à l’engagement qui caractérisent un interprète à la palette sonore d’une richesse exceptionnelle. Sur ce plan, il a beaucoup appris à Cologne auprès du Russe Vassily Lobanov, avec lequel il a travaillé à partir de 17 ans. «J’ai entendu pour la première fois Vassily Lobanov vers 2005 en musique de chambre avec Viktor Tretiakov, Yuri Bashmet et Natalia Gutman, se souvient F. Noack ; j’ai été époustouflé par la richesse de sa sonorité et c’est ce qui m’a donné envie d’aller étudier dans sa classe. Son enseignement est assez intuitif ; il y a beaucoup de choses que j’ai apprises en étant régulièrement en contact avec lui, sans qu’il me les ait vraiment expliquées. Sa pédagogie est très imaginative et très libre, et vise à épanouir l’imagination, la fantaisie de l’élève, plutôt qu’à corriger des choses qui ne lui conviennent pas, comme c’est le cas avec d’autres professeurs.» Depuis quelque temps, c’est auprès Claudio Martinez, un ancien assistant de Dmitri Bashkirov à Madrid, que le jeune pianiste travaille. Un enseignement plus « intellectuel et analytique, mais passionnant », qui constitue un complément parfait à celui reçu de V. Lobanov.

Parmi les lauréats du Concours Piano Campus en 2008, 2ème Prix Concours Vibrarte en 2009, 2ème Prix au Concours Schumann de Zwickau en 2012, 1er Prix du Concours Karelrobert-Kreiten (Cologne) début 2013, Florian Noack pourrait bien tenter le Concours de l’ARD de Munich l’an prochain. On aurait toutefois bien tort de l’imaginer sous les traits du broyeur d’ivoire-bête de concours. Il aborde le concours – passage obligé pour un jeune pianiste – avec recul et philosophie. « Les concours ne sont pas une science exacte ; c’est à chaque fois une aventure, on ne maîtrise pas tous les paramètres ; tout ce que l’on peut faire c’est de jouer le mieux possible, après … c’est le travail du jury. Chaque concours est une expérience, des contacts, etc., mais il ne faut pas prêter une importance excessive au résultat, que l’on gagne ou pas. »

Si le répertoire post-romantique a souvent été présent dans les programmes de Florian Noack à ses débuts, l’interprète se consacre beaucoup plus aujourd’hui au grand répertoire germanique, à Bach, Beethoven et Schubert en particulier. C’est d’ailleurs le compositeur autrichien qui ouvre son récital du 25 mars à Paris, avec la Sonate en mi bémol majeur D. 568. On y trouvera aussi la 3ème Sonate de Chopin – l’un de ses opus de prédilection – et il fera par ailleurs crépiter le clavier avec le 4 Etudes op 2 de Prokofiev et la Tarentelle op 25 de Liapounov. A l’instar de Medtner, ce dernier fait partie des compositeurs oubliés qu’il affectionne - et qu’il a techniquement les moyens d’aborder. « Sans vouloir placer la musique de Liapounov au même niveau que celle de Chopin ou de Liszt, j’éprouve un sentiment d’injustice face à des pièces très belles », confie-t-il. Et de se lancer dans une intégrale discographique de l’œuvre de Liapounov(1859-1924) dont le volume 1, dédié à la danse (valses, mazurkas, Tarentelle), paraîtra sous peu (1).

Alain Cochard

(1) sous le label ARS Produktion (dist. Abeille).

Florian Noack, piano
Œuvres de Schubert, Prokofiev, Chopin, Liapounov
25 mars 2013 – 20h
Paris – Cercle Suédois (242, rue de Rivoli – 1er)
www.pianissimes.org/saison

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Alain Cochard

Photo : DR
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles