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Festival Toulouse les Orgues & Concours Xavier Darasse - Continuité et renouvellement - Compte-rendu

Pour sa 18ème édition, Toulouse les Orgues proposait du 9 au 20 octobre 2013 une cinquantaine de rendez-vous, dont seize pour la 11ème édition du Concours international d'orgue Xavier Darasse (1934-1992), fondé par cette haute figure de l'orgue en 1981 et qui a lieu tous les trois ans. Un concours qui depuis les années 2000, sous l'égide de Michel Bouvard et Jan Willem Jansen, fondateurs du Festival TLO, se veut « pas comme les autres », et qui de fait se distingue des autres tournois internationaux. L'idée générale est d'offrir aux candidats la possibilité de donner – en finale – un véritable concert dans le cadre du Festival, libre quant au répertoire (éventuellement avec d'autres instrumentistes, chanteurs, danseurs – 20' au maximum sur 50' de concert) et sur l'un des orgues de Toulouse au choix du candidat. Sur quelque soixante-dix postulants de vingt pays différents : Chine, Japon, Corée, mais aussi Russie, Afrique du Sud ou États-Unis, et bien sûr d'Europe, douze furent retenus et conviés à faire entendre des extraits de leurs programmes lors des demi-finales (10 et 11 octobre) ; puis quatre en finale (également publique et assidûment fréquentée), les 15 et 16 octobre, toujours sur l'orgue de leur choix, soit quatre concerts à part entière. Et sans que l'on sache qui joue, jusqu'à l'annonce des résultats au Musée Saint-Raymond – longue attente émoustillée par un orgue de fanfare Wurlitzer installé en plein air devant Saint-Sernin ! –, les numéros des candidats devenant alors des noms. Autre particularité du Concours Xavier Darasse : son gigantesque jury. Ses membres n'étaient que dix-neuf cette année, tous concertistes, professeurs et, pour certains, organisateurs de festivals, chaque juré pouvant très bien, indépendamment du palmarès final, avoir un coup de cœur pour l'un des candidats et souhaiter l'inviter à donner un concert. Tout le monde peut y être gagnant.

Avoir autant de sommités du monde de l'orgue à Toulouse et ne pas les faire entendre étant inconcevable, certains jurés furent mis à contribution. Ainsi le 12 octobre Maurizio Croci (Suisse) au clavecin et à l'orgue italien de Sainte-Anne (11 heures), puis Joris Verdin (Belgique) à l'harmonium et Theo Jellema (Pays-Bas) à l'orgue Cavaillé-Coll du Gesu (15 heures), Hans-Ola Ericsson (Suède / Canada) et David Higgs (États-Unis) à Saint-Sernin (17 h 30) – ce qui déjà donne une idée de la programmation-marathon de Toulouse les Orgues… Ou encore, lors de l'escapade (Journée Région) du lendemain à Lavaur, dont le Cavaillé-Coll fut touché par Susan Landale (Royaume-Uni – et France) puis Louis Robilliard, mais aussi, juste avant les premières épreuves du 15 et à la cathédrale de Toulouse, Pascale Rouet (rédactrice en chef de la revue trimestrielle Orgues Nouvelles – dont le n°22 consacre un dossier à TLO) et Albrecht Koch, heureux titulaire du Silbermann du Dom de Freiberg.

Inutile de dire combien le niveau instrumental et musical des candidats est stupéfiant pour d'aussi jeunes musiciens. Deux des finalistes avaient choisi l'extraordinaire Puget (1888) de Notre-Dame-de-la-Dalbade – où Yves Rechsteiner, directeur du Concours 2013 et qui dès 2014 sera seul directeur artistique de TLO, vient d'enregistrer son audacieuse transcription de la Symphonie fantastique de Berlioz (Gallo CD-1416 ; la partition en est publiée aux Éditions de la Schola Cantorum, Fleurier / Suisse) : Maïko Kato, particulièrement remarquable dans Harpe de Marie de Florentz et Évocation II d'Escaich, et Thomas Ospital, dans un programme très proche de son récital parisien du printemps (cf. Actualité du 21 mai 2013), respectivement 3ème et 2ème Prix – également Prix du Public, la jeune Japonaise sera invitée à jouer lors de TLO 2014. Les deux autres avaient choisi le Cavaillé-Coll (1889) de Saint-Sernin : Virgile Monin (4ème prix – triptyque de Karg-Elert et Deuxième Symphonie de Dupré exceptionnels d'engagement) et Louis-Noël Bestion de Camboulas, vainqueur de ce Concours 2013, impressionnant dans La Croix du Sud de Florentz.

Côté concerts, les lieux devaient varier toute la semaine, selon les bonnes habitudes de TLO. Celui du 15 en soirée offrit l'occasion rare de réunir quatre clavecins et orchestre, projet caressé de longue date par Michel Bouvard et concrétisé pour sa dernière année en tant que directeur artistique du Festival : Concertos de Bach, avec l'Ensemble Baroque de Toulouse dirigé par le flûtiste Michel Brun. Aucun doute, le disque a déformé notre oreille en disposant de façon optimale les solistes au cœur de l'image sonore, sous-tendue de l'équilibre des cordes. Or dans la belle acoustique de l'Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, il fallut un temps pour que l'oreille parvienne à fusionner la dynamique subtile mais modeste des clavecins et la projection spontanée de l'orchestre, les premiers en bloc sur le côté droit, le second sur la gauche. Cette faible dynamique des claviers – indépendamment de la beauté des timbres – sembla imposer aux cordes une extrême et presque déstabilisante retenue, pour ne pas les couvrir. Après le BWV 1060 à deux claviers : Jan Willem Jansen et Pieter Van Dijk (titulaire du monument d'Alkmaar), l'orchestre seul se libéra brusquement dans la Suite burlesque de Quichotte de Telemann, vive et spirituelle, plus évocatrice que directement descriptive, chaque page étant précédée d'une inventive lecture de Cervantès – Odile Édouard, premier violon, déploya des trésors d'énergie, guidant à merveille les siens. Pour le BWV 1063 à trois claviers, Kristian Olesen (Roskilde), n'ayant pu venir à Toulouse, fut remplacé in extremis, qui plus est dans la périlleuse partie de premier clavecin, par Yves Rechsteiner. Grands moments de prise de risque, magnifiquement assumée, et authentique partage musical. De Bach toujours : Suite en si mineur avec flûte « concertante » – Michel Brun dans son élément. Le BWV 1065 à quatre clavecins fit se joindre Roberto Antonello (Vicenza) aux autres solistes : fête des sens et prestation de tous les dangers, tant les difficultés d'une telle œuvre sont vertigineuses, enlevée avec bravoure.

TLO réserve bien des surprises, ainsi le lendemain 16 octobre dans la lumineuse salle aux colonnes de l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques, sur la Garonne, en partenariat avec le CHU de Toulouse. On parle souvent de « piano à bretelles », mais compte tenu du principe sonore de l'instrument, orgue (à anches libres) ou harmonium à bretelles serait plus juste ! En l'occurrence Élodie Soulard à l'accordéon « de concert », avec, pas moins, Raphaël Pidoux au violoncelle. Difficile d'imaginer programme plus improbable et suprêmement séduisant. En ouverture : grand Prélude et Fugue en si mineur BWV 544 de Bach – l'orgue n'a qu'à bien se tenir… Puis Portrait d'Igor Stravinski de Volodymyr Runchak, compositeur ukrainien né en 1960, occasion haute en couleur de faire un tour d'horizon des possibilités de registration de l'accordéon solo, présentées par Élodie Soulard – une découverte pour beaucoup. Suivit Luce indomita (« Lumière indomptée ») pour violoncelle et accordéon (en création) du compositeur japonais Naoki Sakata (né en 1981), à l'image du vent et de la mer façonnant les falaises d'Étretat. Puis de David Popper (1843-1913), violoncelliste virtuose, trois pièces de fantaisie au charme et au souffle indéniables, l'accordéon se substituant avec brio à l'orchestre, couronnées de la Fantaisie sur un thème de la petite Russie, « superlative » à tous égards. En bis : Vocalise de Rachmaninov, et l'émerveillement d'entendre l'accordéon épouser à la perfection la subtilité d'intonation du violoncelle soliste. Un concert aussi magistral que d'une intense convivialité.

L'après-midi, tandis que se déroulait la finale (seconde partie) du Concours Darasse à Saint-Sernin, avait lieu à la Dalbade un concert jeune public intitulé Histoire de Babar, le petit éléphant, par bonheur repris le lendemain matin (non plus pour les primaires mais pour les maternelles – hélas ! trop jeunes pour se concentrer, même sur l'histoire de Babar). Diego Innocenzi (Victoria Hall de Genève, cf. Actualité du 24 juillet 2012) fit entendre avec panache et poésie sa transcription de Poulenc, conjuguant la version originale pour piano et l'orchestration confiée par Poulenc à Jean Françaix – cette heureuse transcription serait-elle publiée qu'elle s'imposerait sans difficulté ! L'instrument orchestral de la Dalbade – qui depuis sa restauration en 2009 par Gérard Bancells et Denis Lacorre occupe une place de choix dans le patrimoine toulousain, enrichi par ce chef-d'œuvre si foncièrement différent du Cavaillé-Coll de Saint-Sernin et à certains égards (notamment sa dynamique dans les ppp) proche des Sauer (Allemagne), Willis (Angleterre) et même Skinner (États-Unis) – se révéla idéal tant dans le détail de sa chatoyante palette que par son irrésistible puissance, cependant que Pierre-Alain Clerc (Lausanne), organiste mais ici conteur, faisait vibrer le texte de Jean de Brunhoff. Pour compléter Poulenc, Diego Innocenzi offrit Bach (Fugue BWV 578 d'une lumière toute classique), la délicieuse Marche funèbre d'une marionnette de Gounod et un Carillon de Westminster de Vierne renversant d'éclat et de grandeur, en dépit d'une acoustique qui, certes, ne vaut pas Saint-Sernin. La visite de l'instrument, après ce concert du matin, grâce à Matthieu de Miguel, son titulaire, virtuose formidablement investi et encore trop peu connu, ne fit que confirmer la splendeur de ce Puget, facteur (et la dynastie homonyme) qu'il fut longtemps de bon goût de déprécier.

Impossible d'entendre tous les orgues de Toulouse en quelques jours, mais par chance la merveille des Augustins, signée Ahrend (1981), était à l'honneur le jeudi 17 octobre à 12 h 30 : Orgelbüchlein Project – J.S. Bach & Co. On sait que le Petit Livre d'orgue de Bach devait compter 166 chorals. Seuls 46 virent le jour, mais l'autographe (Bibliothèque d'État de Berlin) nomme les chorals prévus (et donc manquants), tous les titres étant notés de la main de Bach au fil des 186 pages du manuscrit. Le projet initié en 2011 par William Whitehead, sous le patronage de Paul McCreesh et de Dame Gillian Weir, consiste à commander à des compositeurs d'aujourd'hui ces chorals laissés en blanc par Bach, afin de compléter le cycle – et de le publier avec pas moins de 118 nouvelles pièces. Une trentaine de chorals ont d'ores et déjà été livrés, les partitions de nombre d'entre eux étant accessibles sur le site du projet : http://www.orgelbuechlein.co.uk. C'est à Pierre Méa (cathédrale de Reims) que revint, lors de ce récital, la primeur de quatre nouvelles pages, après une Toccata dorienne de Bach d'une énergie à soulever les montagnes, et la Fugue en clôture de programme, lui-même riche de nombreux chorals de Bach issus précisément de l'Orgelbüchlein, restitués avec une diversité de couleurs et d'affects des plus stimulantes. Contrastes assurés, s'agissant des créations, tant les personnalités sollicitées sont diverses. Ici Vincent Paulet : Ich dank' dir, lieber Herre épuré, d'une poésie prenante et superbement décantée ; David Coonan : Jesu Christ, unser Heiland en forme de robuste fresque ; Guy-Olivier Ferla : Gott des Himmels und der Erden très dissonant et statique, ou mouvant au sein d'une structure d'apparence immuable où l'on imagine le choral proprement dit savamment caché ou distendu ; Francis Pott : Schmücke dich, o liebe Seele lumineux, d'une belle et douce intensité.

En soirée à Saint-Sernin avait lieu le traditionnel ciné-concert : Le Mécano de la « General » (1926) de Buster Keaton, avec Samuel Liégeon aux claviers. Extravagante histoire (presque d'un seul tenant) de poursuite de locomotives, sans doute ce film virtuose, en dépit de quelques scènes « amoureuses », n'est-il pas le plus aisé à accompagner : reconnaissons à l'improvisateur l'immense mérite d'avoir tenu avec maestria pendant une heure et quart le rythme haletant de l'infernale poursuite, mais sans véritablement trouver le moyen de renouveler musicalement une situation cinématographique de fait immuable bien que toujours en mouvement. Si Buster Keaton jamais ne sourit, le public riait aux éclats – peut-être Samuel Liégeon aurait-il pu, sur une dynamique moins systématiquement affirmée, distiller davantage d'allusions en forme de clins d'œil pince-sans-rire (belle occasion des trompettes militaires sonnant la charge ou la retraite) – mais la synchronisation de la locomotive déraillant du pont et s'effondrant dans la rivière était grandiose ! Exercice difficile, où tenir sans faiblir tout en commentant (le faire de façon systématiquement imagée serait aussi ardu qu'insupportable sur la durée) relève du tour de force, défi néanmoins bel et bien relevé.

L'idée de « porter » l'orgue au public, l'instrument étant par nature le plus intransportable qui soit, refait toujours surface quand il s'agit de sensibiliser de nouveaux publics en de nouveaux lieux. C'était aussi, indirectement, l'un des aspects du concert de midi du vendredi 18 octobre au Musée Saint-Raymond, où Baptiste Genniaux, organiste et enseignant-intervenant auprès du jeune public, des personnes âgées ou en milieu hospitalier, joua un petit orgue mobile construit à des fins pédagogiques : l'image même du positif (en quatre pieds + régale) associé à sainte Cécile dans ses représentations picturales traditionnelles. À ses côtés : Vincent Dubus, musicien acousticien maniant électronique et percussions. Et comme fil rouge la Toccata et Fugue en ré mineur de Bach, arrangée, déstructurée, rehaussée de minimalisme et de techniques répétitives, les sons acoustiques de l'orgue étant réinterprétés par l'électronique en temps réel ou décalé. Les deux compères offrirent un concert singulier dont on pouvait avant tout goûter le charme en se refusant à discerner qui faisait quoi dans le résultat global. Son brut ou traité, l'oreille y perdait ses repères, se laissant guider par la poésie d'un parcours totalement imprévu pour l'auditeur – mais balisé pour les musiciens, la part de l'improvisation n'y étant pas prédominante. Les explications vinrent après le concert, au gré de questions impromptues et de la présentation de l'instrumentarium – dont une version moderne (et miniaturisée) du thérémine (1919), doyen des instruments électroniques et précurseur des Ondes Martenot. Une jolie parenthèse insolite et ludique.

Le grand siècle français fut à l'honneur en soirée à Saint-Pierre-des-Chartreux, Michel Bouvard à l'orgue Delaunay-Micot-Grenzing (1683-1783-1983) dialoguant avec Les Passions – Orchestre baroque de Montauban que dirige le flûtiste Jean-Marc Andrieu (photo). Sur ce somptueux spécimen de facture classique française, Michel Bouvard rendit d'abord hommage à Jehan Titelouze (1563-1633) : Hymne Ave maris stella, d'une justesse d'ornementation, sobre et aérée, et d'un chant noble et nullement compassé donnant une vivante image de ce musicien trop souvent taxé d'austérité. Les versets en furent proposés avec alternance de plain-chant (également en faux bourdon, sur prononciation gallicane), aux trois voix masculines s'ajoutant un dessus composé de trois sopranos de la Maîtrise de Toulouse de Mark Opstad. D'autres pièces d'orgue ponctuèrent la soirée, de Nivers, Du Mont (deux Préludes en trio : à trois mains, dont une de Yasuko Uyama-Bouvard, titulaire de ce splendide instrument – et pour le reste du concert continuiste au positif des Passions), mais aussi Grigny : Tierce en taille sans rivale de la Messe pour orgue. À l'éloquence et à l'élévation de l'orgue du Grand Siècle, Les Passions répondirent par l'un de leurs programmes de prédilection – que la formation fera entendre lors d'une tournée en Amérique latine au printemps 2014 –, entièrement consacré à Marc-Antoine Charpentier et pour petit effectif : trois solistes vocaux masculins, deux violons, basse de violon, théorbe, deux flûtes à bec et orgue continuo. Vaste programme marial (à l'instar du CD Beata est Maria gravé avec les mêmes solistes, Ligia Digital), prolongé et couronné par l'inépuisable Magnificat H.73, dont l'irrésistible rythme ternaire et la basse obstinée font inlassablement merveille. Programme d'apparat et interprétation de même, tant l'engagement des solistes se révéla optimal, tous vocalement dans une forme exceptionnelle et d'une complémentarité nourrie d'une riche pratique commune : Vincent Lièvre-Picard (haute-contre), Sébastien Obrecht (ténor aux accents dramatiques d'une expressivité quasi scénique), Jean-Manuel Candenot (basse). À noter que Nirina Betoto, premier violon et l'un des piliers des Passions, était ce soir-là remplacée par Myriam Gevers, admirable de style et de splendeur sonore, avec Nathalie Fontaine comme second violon (superbes moments solistes), leurs sonorités mêlées magnifiées par l'acoustique idéale du chœur des Chartreux. Un concert de haut lignage, ainsi que les auditeurs de France Musique pourront s'en convaincre : enregistré, ce concert sera diffusé le mardi 3 décembre à 20 heures.

Rendez-vous en 2014 pour une prochaine édition de Toulouse les Orgues qu'Yves Rechsteiner entend placer sous le signe de l'orgue dans la cité : l'orgue en tant que bien ou patrimoine commun, pour lequel il faut sans cesse réinventer de nouvelles formes de transmission et de découverte.

Michel Roubinet

Festival Toulouse les Orgues, 15, 16, 17 et 18 octobre 2013

Sites Internet :

Festival Toulouse les Orgues 2013
http://www.toulouse-les-orgues.org/?lang=fr

Concours international d'orgue Xavier Darasse
http://www.toulouse-les-orgues.org/concours-xavier-darasse/presentation-...
Concours international d'orgue Xavier Darasse / Résultats
http://www.toulouse-les-orgues.org/accueil/actualites/11e-concours-inter...

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Photo : DR
 

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