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Festival Sinfonia en Périgord - Convivialité et œcuménisme musical - Compte-rendu

correspondances 2014

Le Périgord, terre d’Histoire, bénéficie d’une réputation de convivialité qui a largement dépassé les frontières de l’Hexagone. Le Festival Sinfonia en Périgord, dirigé avec passion par David Théodorides, contribue largement, depuis près d’un quart de siècle, à entretenir lui aussi une image d’empathie autour des répertoires de la Renaissance et du Baroque à travers une manifestation marquée du sceau de la qualité et de l’originalité.

Pour sa 24ème édition, Sinfonia a répondu une nouvelle fois à toutes les attentes, proposant des regards croisés, explorant des pistes nouvelles tout en établissant des correspondances entre passé et présent. Thierry Pécou et Philippe Hersant, compositeurs invités, ont déroulé un fil d’Ariane en un jeu de miroir entre l’univers baroque et leurs propres créations. Dans des lieux de mémoire (Abbaye de Chancelade, Eglise de la Cité de Périgueux, Château des Izards) ou plus institutionnels (Grands Salons de la Préfecture, Théâtre Le Palace, Espace François Mitterrand …) se sont déroulées des journées de partage et d’échange ponctuées par des concerts, conférences, intermèdes gourmands, visites patrimoniales…
 
L’Abbaye romane de Chancelade à l’acoustique idéale offre un écrin exceptionnel à l’interprétation de Motets de Johann Christoph Bach, de Johann-Hermann Schein, de Psaumes de Heinrich Schütz par l’Ensemble Sagittarius sous la direction de Michel Laplénie. La densité, l’homogénéité du chœur relèvent du miracle et contribuent au sentiment de plénitude qui préside à l’exécution du Psaume 130 de Philippe Hersant (1995) s’enchaînant de manière consubstantielle avec la musique de Schütz.
 

Philippe Hersant © A. Yanez
 
L’Ensemble De Caelis animé par Laurence Brisset renoue avec le climat étrange et merveilleux du Chant des Sibylles, messagères du salut du Jugement dernier. Les voix féminines creusent le ciel par la pureté diaphane du chant, le raffinement des nuances et la simplicité lumineuse du style. Les pièces contemporaines -Si la noche haze escura d’Enrique Muñoz y Rubio (2012), Calliope et Les prophéties des Sibylles de Philippe Hersant - entrent en totale résonance avec ces œuvres de la Renaissance dans un tuilage savamment agencé, tel un passage de témoin à travers les siècles.
 
L’Ensemble Correspondances (photo), dirigé par Sébastien Daucé (à l’orgue ou au clavecin), propose un florilège d’une grande intensité dramatique autour de pages sacrées de Marc-Antoine Charpentier. Outre le Motet et la Messe pour les Trépassés, la Leçon de Ténèbres du Mercredi Saint ou le Te Deum, le souffle de l’oratorio La Peste de Milan, chef-d’œuvre inédit en concert, prend une dimension saisissante. Chaque chanteur et soliste donne sens et vie au texte ainsi qu’à la musique avec une éloquence et une perfection de tous les instants qui se communiquent à un auditoire fervent, enthousiasmé par l’excellence de l’une des formations les plus en vue du moment.
 
L’an prochain, le 25e anniversaire du Festival sera l’occasion d’une grande fête que ponctueront entre autres la Messe en si de Bach par la Chapelle Rhénane de Benoît Haller ou la Fireworks Music de Haendel par Hervé Niquet et son Concert spirituel réunissant quatre-vingt musiciens dans le Théâtre de verdure de Périgueux. Une manière de prolonger cette belle aventure musicale et humaine en Périgord.
 
Michel Le Naour
 
Chancelade, Abbaye, 27 et 28 août 2014

Photo @ MolinaVisuals

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