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Fanny Azzuro joue Ravel, Debussy et Albéniz – Le Disque de la semaine

On la suit avec attention et bonheur depuis le commencement de son parcours. Nourrie de l’enseignement de Théodore Paraskivesco, Denis Pascal et Laurent Cabasso au CNSMD de Paris, Fanny Azzuro a ensuite éprouvé le besoin d’élargir son horizon auprès de Boris Petrushansky à Imola et de Tuija Hakkila à Helsinski. Bel exemple de curiosité et d’ouverture, termes qui valent pour présenter la concertiste qu’elle est aujourd’hui, attirée par les grands opus du répertoire autant que par des partitions plus rares. Eprise de rencontres musicales aussi, que ce soit avec le Quatuor Voce, ses partenaires du SpiriTango Quartet, ou encore un jazzman tel qu’Hervé Sellin – avec lequel elle vient d’enregistrer un étonnant album intitulé « Passerelles ».
« Impressions 1905 » (Ravel, Debussy, Albéniz) / 1CD PARATY 116224
 
Ravel : Noctuelles (ext.)
Couleur, intensité, simplicité : le jeu de Fanny Azzuro va droit but avec une fraîcheur et une poésie irrésistibles. L’interprète sait prendre des risques aussi. A preuve son nouveau CD, « Impressions 1905 » (Paraty), où elle a rassemblé les Miroirs de Ravel, la première série d’Images de Debussy et le troisième cahier d’Iberia d’Albéniz, autant dire des ouvrages particulièrement gâtés par la discographie – et un répertoire plus que hautement exposé ... Si vous posez cette galette sur votre platine en soupirant « encore une nouvelle version ... », vous allez vite dresser l’oreille : l’enregistrement de Fanny Azzuro est une petite merveille !
Ravel : Une barque sur l'océan (ext.)
Avec des Noctuelles d’une impalpable légèreté, elle montre d’emblée une rare aptitude à saisir le caractère. Qualité qui vaut pour tout l’ouvrage de Ravel et pour l’ensemble du disque. On n’a pas entendu une aussi belle Barque sur l’océan depuis longtemps : prenons le pari que lors d’une confrontation en aveugle cette sveltesse de ligne, cette irisation créeraient quelques surprises ... On ne cède pas moins à une Alborada toute dans l’au-delà de la virtuosité, ou à une hypnotique Vallée des cloches. J’oublie les Oiseaux tristes ? Sans doute parce qu’Azzuro en a merveilleusement traduit la part d’indicible ...
Debussy : Hommage à Rameau (ext.)
La coloriste à l’œuvre ici ne se régale pas moins dans les Images I de Claude de France. A d’autres les brumes impressionnistes ; la formidable exactitude poétique de l’interprète va de pair avec une vie des timbres et un sens du mystère auxquels – comme pour Ravel – on ne fera qu’un reproche : un goût de trop peu. Azzuro nous doit, sinon une intégrale du moins une copieuse anthologie de chacun de deux Français.
Albéniz : El Albaicín (ext.)
On ne la découragerait pas non plus si envie lui prenait de poursuivre en terre albénizienne. Son troisième cahier d’Iberia vous tient en haleine par l'acuité rythmique et la profusion de couleurs et d’images. Solaire et généreuse conclusion !

Vous souhaitez retrouver Fanny Azzuro en concert ? Les occasions ne manqueront pas dans les jours et les semaines qui viennent, que ce soit à Forcalquier (le 11 nov.), à Paris (les 18 et 19 nov) ou à Thonon-les-Bains (le 26 nov.), pour se limiter au mois en cours. Notez enfin que l’artiste sera l’invitée de Laure Mézan sur Radio Classique le 15 novembre à 20h.

Alain Cochard

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« Impressions 1905 » (Ravel, Debussy, Albéniz) / 1CD PARATY 116224

Calendrier des concerts de Fanny Azzuro :
fannyazzuro.com/fr/concerts

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