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Fabien Gabel, Petra Lang et l’Orchestre Français des Jeunes – Plaisirs partagés – Compte-rendu

Le concert de l’Orchestre Français des Jeunes à la Philharmonie (l’unique apparition de la phalange à Paris cette année) referme la saison d’hiver de cette formation d’élite – rassemblant des étudiants de Conservatoires français et européens – qui s’est produite depuis l’été dans divers lieux de l’Hexagone et de l’étranger (Roumanie, Suisse) sous la direction de Fabien Gabel (photo), son actuel directeur musical.

Petra Lang

Petra Lang © Ann Weitz

La première partie du programme, particulièrement dense, s’ouvre sur l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg. La conception, d’allure assez compacte, témoigne d’une vraie cohésion des pupitres ainsi que d’une puissance sonore qui prive quelque peu l’œuvre de ses nuances malgré la forte impression ressentie dans la salle.
En soliste, la soprano Petra Lang révèle ensuite l’atmosphère de serre chaude de quatre pages de Clemens Krauss extraites des 8 Lieder sur des poèmes de Rilke composés autour de 1920 (et récemment orchestrées par le compositeur Michael Bastian Weiss). Légèrement instable au début, la voix wagnérienne prend progressivement ses marques et culmine dans les quatre lieder de Richard Strauss qui suivent, en particulier Cäcilie, d’une force dramatique et d’une tension palpable. Accompagnement subtil de l’orchestre qui enveloppe le chant avec fluidité et souplesse.

Fabien Gabel © fabiengabel.com
 
Après l’entracte, Le Chant du Rossignol de Stravinski (1919), partition exigeante demandant un énorme investissement de la part des jeunes musiciens souvent à découvert (belles interventions du Premier violon Léon Haffner), crée un contraste saisissant. La précision, les couleurs fauves qui regardent parfois du côté de Tchaïkovski et de Rimski, l’élégance (Marche chinoise) et le raffinement poétique – remarquable petite harmonie ! – sont superbement rendus par une interprétation d’une qualité musicale supérieure.
Le même plaisir transparaît dans une Mer de Debussy où l’art de la construction, la science des tuilages, la progression du discours savamment conduite jusqu’au Dialogue du vent et de la mer, atteignent une jubilation constante. Une réalisation d’orfèvre que l’on doit à la qualité du travail effectuée par Fabien Gabel en parfaite osmose avec de jeunes instrumentistes qui le lui rendent bien.

Quelques semaines plus tôt, au Théâtre des Bouffes du Nord, l’Orchestre français des jeunes Baroque donnait d’un concerto de Quantz et des trois Suites de la Water Music de Haendel une exécution festive sous la battue entraînante de Rinaldo Alessandrini. Un exemple de vitalité qui faisait plaisir à entendre – et à voir !
 
Michel Le Naour

Paris, Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez, 13 décembre 2018 / Paris, Théâtre des Bouffes du Nord, 19 novembre 2018

Photo © Nikolai Schukoff

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