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Emmanuel Krivine dirige l’Orchestre National de France – Engageante ouverture de saison – Compte-rendu

On attendait avec impatience le concert inaugural de l’Orchestre National de France sous la baguette d’Emmanuel Krivine (photo) ; voilà qui est fait et dessine des perspectives plus qu’engageantes pour l’avenir. Première partie toute germanique : dès la Passacaille de Webern une formidable présence sonore s’affirme. Avec l’arrivée de son nouveau directeur musical, la phalange retrouve à l'évidence des couleurs, des subtilités qu’on ne lui a pas toujours connues sous la mandature précédente.
La qualité de timbre, la clarté dans la conduite de la phrase obtenues par le chef offrent ensuite le plus bel écrin à Ann Petersen dans les Quatre derniers lieder de Strauss. Ils ne sont derniers que parce que la camarde emporta le musicien peu après leur achèvement – et il en eût volontiers rajouté quelques autres à son catalogue ! – : Petersen et Krivine nous épargnent tout yaourt crépusculaire, tout épanchement testamentaire, outre-tombal, au profit d’une approche sans emphase.
On peut certes rêver d’un chant à l’aigu plus épanoui, mais la rencontre du maestro français – d’un profond raffinement dans son accompagnement (bravo à Luc Héry et Hervé Joulain pour leurs solos !) – et de la soprano danoise, nous vaut un moment d'intense complicité, prolongé en bis par le Morgen du même Strauss.
 
Symphonie de César Franck : fameuse, l’œuvre n’est plus aussi courante au concert qu’à une certaine époque. On la goûte avec un bonheur sans mélange sous la baguette de Krivine ; interprétation vivante, fermement conduite, mais qui sait aussi prendre le temps d’épanouir les timbres (pur délice qu’un Allegretto où l’harmonie fait des miracles). Jamais l’élan ne vient plaquer la phrase au sol, opacifier la texture, empeser la ligne. De part en part, la musique de Franck respire d’une belle et noble simplicité.
Public (parmi lequel on compte la Ministre de la Culture) aux anges, gratifié en bis de la Barcarolle des Contes d’Hoffmann, d’une féerique tendresse.
 
Alain Cochard

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Paris, Auditorium de Radio France, 7 septembre 2017

Photo Emmanuel Krivine © Philippe Hurlin

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