Spectacle mythique, qui fit les beaux jours de la Monnaie de Bruxelles et célébrait en son temps les jeunes noces de Sylvain Cambreling et de Gérard Mortier. La production des Herrmann avec ses décors stylisés, son omniprésente lumière, a fait date et surtout école. Pas une Clemenza depuis qui de près ou de loin ne s’y réfère. La reprise à Garnier vue la saison passée fonctionnait encore, même si sa captation laisse voir quelques failles dans la direction d’acteur. En fosse Cambreling dirige bien plus gris qu’à Bruxelles. Un Tito très Liedersänger, Christoph Prégardien, une Vitellia assez étonnante d’engagement, Catherine Nagelstad, la Servilia de Suirina, fruitée sinon élégante, l’Annio assez passe partout de Hannah Esther Minutillo sont autant de faire valoir au Sesto de Susan Graham, un modèle de chant mozartien, mais aussi l’incarnation naturelle d’un des caractères les plus complexes que l’auteur de Don Giovanni ait jamais mis en musique.

Jean-Charles Hoffelé