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Don Quichotte chez la Duchesse de Boismortier au Festival de Radio France – En toute liberté – Compte-rendu

Coproduction entre l’Opéra Théâtre de Metz et l’Opéra Royal de Versailles, Don Quichotte chez la Duchesse selon Corinne et Gilles Benizio a été présenté sur ces deux scènes en début d’année avant que le 30ème Festival de Radio France et de Montpellier ne le reprenne.
 
Une composition fétiche pour Hervé Niquet : l’opéra-ballet comique de Boismortier (1689-1755) fut la première œuvre jouée par le chef et son Concert Spirituel naissant en 1988 et ils en signèrent un enregistrement en 1996 (1). Les dialogues parlés de l’ouvrage créé le 12 février 1743 à l’Académie Royale de Musique ont disparu et il ne reste qu’une heure de musique, de la meilleure eau. L’occasion était trop belle pour Corinne et Gilles Benizio qui, forts de leur collaboration avec Hervé Niquet pour Le Roi Arthur, se sont emparés de Don Quichotte chez la Duchesse - en toute liberté !
 
Certes, notre joyeux tandem n’y va pas toujours avec le dos de la cuiller, mais le côté déjanté et parodique de ce Don Quichotte se prête bien à l’exercice, mené tambour battant, avec de nombreuses interventions comiques du chef, des emprunts-inserts musicaux divers et multiples - l’illustre Cucaracha, entre autres … - Gilles Benizio se régalant du rôle du Duc.
On se prend d’autant plus facilement au jeu que les décors (Daniel Bevan), les costumes (Charlotte Winter & Anaïs Heureaux), les lumières (Jacques Rouveyrollis), la chorégraphie (Philippe Lafeuille avec la compagnie La Feuille d’Automne) sont franchement réussis et participent d’un jeu avec les codes de l’opéra baroque, bien plus subtil que le côté potache des dialogues ne le laisse imaginer au premier abord.
 
Pierre-René Serna avait salué ce spectacle dans nos colonnes à l’occasion de son passage à Versailles. On ne peut que lui emboîter le pas à l’occasion d’une reprise montpelliéraine où le rôle-titre revient à l'excellent Emiliano Gonzalez Toro. Le ténor compose un chevalier à la triste figure très hagard face au Sancho Pança de Marc Labonnette, irrésistible de drôlerie et de santé. Chantal Santon Jeffery montre beaucoup de caractère dans les rôles d’Altisidore et de La Reine du Japon. João Fernandes (Montésinos, Merlin, Le Traducteur) et Camille Poul (Une Paysanne, Une Amante, Le « joli Sapajou ») endossent leurs divers emplois avec non moins de bonheur et le contre-ténor Charles Barbier (Un Amant) ne manque pas sa brève apparition.
Pleine de tonus et d’élan - mais très raffinée aussi quand l’étonnante musique de Boismortier le réclame - l’approche d’Hervé Niquet et de ses musiciens se révèle on ne peut plus en phase avec les réjouissantes options des metteurs en scène
 
Alain Cochard

(1)1 CD Naxos  8.553647

Boismortier : Don Quichotte chez la Duchesse – Montpellier, Opéra Comédie, 17 juillet 2015.

Photo © Concert Spirituel

Voir le reportage réalisé à l'occcasion des représentations de Don Quichotte chez la Duchesse à l'Opéra Royal de Versailles : www.concertclassic.com/video/don-quichotte-chez-la-duchesse-de-bodin-de-boismortier-lopera-royal-de-versailles-reportage

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