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Don Pasquale de Donizetti au TCE - L’envers du décor - Compte-rendu

Pour son Don Pasquale sur la scène du TCE, Denis Podalydès n’a pas uniquement mis l’accent sur le caractère bouffe d’une œuvre qui clôt en quelque sorte ce genre à une époque où Wagner compose Le Vaisseau fantôme à Meudon. A la dimension fellinienne du propos (une camionnette Citroën aux couleurs acidulées plus proche de L’Elixir d’amour), à l’agitation d’un spectacle qui pourrait être imaginé par Laurent Pelly (mais sans le caractère décalé), se superpose une nostalgie non sans tendresse qui rapproche in fine le personnage de Don Pasquale de celui de Falstaff.

Grand habitué du rôle-titre, Alessandro Corbelli compense une relative faiblesse vocale dans le grave par un jeu d’acteur pétulant dans la tradition de la commedia dell’arte. Le reste de la distribution, homogène, bénéficie de la présence de chanteurs à la parfaite diction italienne. Le professionnalisme de Désirée Rancatore (Norina) est hélas parfois entaché d’aigus peu contrôlés. En revanche, le jeune ténor Francesco Demuro campe un Ernesto vaillant, au timbre juvénile, d’une fraîcheur et d’une souplesse d’émission laissant présager des lendemains enchanteurs dans ce répertoire de ténor de grand style. A souligner aussi l’assurance du baryton Gabriele Viviani, voix profonde, nuancée et d’une réelle autorité en Dr Malatesta.

Vif mais sans excès de finesse, Enrique Mazzola à la tête d’un Orchestre National sans malice ni piquant dirige avec sérieux cette musique. Ce Don Pasquale bien ficelé fait toutefois passer un bon moment, partagé par un public dominical enthousiaste.

Michel Le Naour

Donizetti : Don Pasquale - Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 19 février 2012

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Photo : Vincent Pontet / Wikispectacle
 

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