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Don César de Bazan par Les Frivolités Parisiennes – Savoureuse redécouverte - Compte-rendu

Une seule représentation parisienne dans le cours de la tournée du Don César de Bazan par les Frivolités Parisiennes, pas question de la manquer ! Comme pour le Guitarrero d’Halévy l’an dernier, le public a répondu très nombreux au rendez-vous du théâtre de la Porte Saint-Martin, mu par l’impatience de découvrir le deuxième ouvrage lyrique de Jules Massenet (créée en 1872, la partition fut réorchestrée par son auteur en 1888 suite à la disparition de matériel d’orchestre dans l’incendie de Favart en 1887). Une fois de plus la compagnie menée par Mathieu Franot et Benjamin El Arbi a visé juste en jetant son dévolu sur un ouvrage oublié - mais savoureux ô combien - dont la redécouverte se justifie pleinement.
 
 

Sophie Revaullt d'Allonnes (Maritana) et Héloise Mas ( Lazarille) © Michel Petit

Après l’Espagne d’Halévy, place à celle de Massenet avec un opéra-comique bâti sur un livret drôle et bien ficelé d’Adolphe d’Ennery et Jules Chantepie. Aidé par la scénographie futée de Mathieu Crescence – des éléments mobiles se prêtant à des assemblages et mouvements divers, effectués à vue -, Damien Bigourdan signe une mise scène vivante ; pas un instant d’ennui au cours des quatre actes d’un spectacle qui dure pourtant non loin de trois heures entracte compris. On aurait de façon générale apprécié des éclairages plus chauds, plus colorés, mais pas question de faire la fine bouche face à la bonne aubaine que constitue une production qui ne peut que considérablement nuire au marché florissant des antidépresseurs.
 

Jean-Claude Saragosse (Don José) © Michel Petit

A la tête d’un orchestre d’une trentaine de musiciens, Mathieu Romano, plus connu comme fondateur et chef d’Aedes (l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur chœur de chambre français), manifeste de vraies affinités avec la partition ; direction allante, souriante, pleine de peps et d’humour, de lyrisme et de charme, toujours attentive au plateau. Dans le rôle-titre, Jean-Baptiste Dumora signe une incarnation pleine d’engagement et de relief, de l’abattement initial d’un Grand d’Espagne ruiné et condamné à mort jusqu’au rebondissement final (il est promu gouverneur de Grenade et désormais uni à la belle Maritana), face au Don José de Jean-Claude Saragosse qui compose un personnage aussi onctueusement comploteur et fourbe que nécessaire. Malgré quelques aigus tendus, Jérôme Billy emporte lui aussi la mise en Roi, tandis que le baryton basse Sevag Tachdjian (Le Capitaine) se distingue par sa sombre prestance et son riche timbre. Côté dames, impossible de résister à la vibrante Maritana de Sabine Revault d’Allonnes, pas plus qu’au frais et touchant Lazarille d’Héloïse Mas. Parties de chœur fort bien tenues par des lauréats des Paris Frivoles.
Une unique représentation à Paris, hélas... ; mais il est encore temps de découvrir Don César de Bazan à Dreux (22 avril), Reims (29 avril) ou, plus tardivement, Thaon-les-Vosges (25 septembre).

Quant Paris, les Frivolités y font renaître Le Farfadet, opéra-comique en un acte d’Adolphe Adam, sur la scène du théâtre de Trévise les 6 et 13 avril (1), avec les jeunes voix des Académiciens des Paris Frivoles, dans une mise en scène de Pascal Neyron et sous la baguette de Nicolas Simon. Le jeune chef avait été très applaudi en janvier 2015 à L’Européen lors d'un précédent spectacle des Frivolités Parisiennes : Bonsoir Monsieur Pantalon d’Albert Grisar.
 
Alain Cochard

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(1)www.lesfrivolitesparisiennes.com/farfadet.html
 
Massenet : Don César de Bazan – Paris, Théâtre de la Porte Saint-Martin, 13 mars. Prochaines représentations 22 avril (Dreux, www.dreux.com ) 29 avril (Reims, www.operadereims.com), 25 septembre 2016
Thaon-les-Vosges (www.concerts-classiques-epinal.com)

Photo © Michel Petit

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