Journal

Dmitry Masleev en récital au Musée d’Orsay – Solide mais sans surprise – Compte-rendu

Premier Prix au Concours Tchaïkovski en 2015, le Russe Dmitry Masleev (photo) était l’invité du Musée d’Orsay pour un concert intitulé « Chopin à petits pas ou au galop ». Impressionnant dans le registre virtuose, doigts d’acier et technique à toute épreuve, le soliste triomphe d’un programme dense sans faire preuve de l’inventivité attendue. 

La Sonate n° 12 de Beethoven ne lui pose aucun problème de construction avec des contrastes accusés, voire virils, qui ôtent à l’œuvre son intensité émotionnelle au profit d’une lecture plus solide que tendue (Marche funèbre). Les deux Nocturnes en si bémol et en do dièse mineur de Chopin s’attachent plus à la forme qu’à la couleur bien qu’ils soient conduits de main de maître, comme la Polonaise « Héroïque » – un rien fracassante tout de même.
Curiosité, l’Impromptu en si bémol mineur de Carl Filtsch – l’un des élèves préférés de Liszt emporté à l’âge de quinze ans par la tuberculose – se situe dans le sillage de Weber et plus encore de Hummel. Très à son aise sur le plan digital, Dmitry Masleev rend à merveille toute l’élégance extérieure de cette courte page.

Avec la Rhapsodie espagnole de Liszt, il se montre en terrain conquis par une vélocité parfois trop démonstrative. Elle suscite les applaudissements du public mais fait regretter le tellurisme génial de Cziffra. Le premier bis (l’Adagio de Marcello transcrit par J.-S. Bach) calme le jeu alors que les Trois Préludes de Gershwin, par leur énergie peu jazzy, ne convainquent qu’à moitié malgré les grands moyens dispensés.
 
 Michel Le Naour

 Paris, Auditorium du Musée d’Orsay, 15 janvier 2019
 
Photo © Christophe Gremiot

Partager par emailImprimer

Derniers articles