Journal

Débuts français - Une interview de Leo Hussain, chef d’orchestre

Révélé à Bruxelles en 2009 par les représentations du Grand Macabre au Théâtre de la Monnaie, Leo Hussain fait ses débuts en France à la tête du Philharmonique de Radio France, dans la nouvelle production des Pêcheurs de perles que Yoshi Oida signe à l’Opéra Comique. A l’heure où il commence les répétitions avec l’orchestre, le chef britannique a répondu aux questions de Concertclassic.

Comment vous est venu l’intérêt pour cet opéra de jeunesse de Bizet ?

Leo Hussain : J’ai joué une première fois l’œuvre en version de concert à Saint-Pétersbourg pour le festival des Nuits blanches, il y a plusieurs années, à une période où j’avais beaucoup travaillé le répertoire français, en particulier Berlioz. En me penchant sur la partition, je me suis rendu compte qu’elle dépasse largement le cliché – un magnifique duo au milieu d’une œuvre sans intérêt – et qu’il y a aussi en elle un véritable sens dramatique.

En quoi le fait que ce soit une œuvre méconnue, voire oubliée, influence-t-il votre manière de l’aborder ?

L. H. : Je ne suis pas certain d’être d’accord pour dire que c’est une ouvre oubliée. Même en Angleterre où le répertoire français est sous-représenté, il y a eu ces dernières années, rien qu’à Londres, deux ou trois nouvelles productions. Je ne me sens pas la même responsabilité qu’envers un « opéra de niche » comme Benvenuto Cellini, pour le défendre face au public, même si je ne connais pas les attentes de celui de Paris.

Vous avez été révélé par vos interprétations du répertoire du XXe siècle. Qu’est-ce que cela change pour vous dans l’approche de cet avatar du romantisme français ?

L. H. : C’est curieux, car j’ai fréquenté assidûment le grand répertoire quand j’étais au Landestheater de Salzbourg et, là-bas, ils ne me connaissent pas dans le répertoire moderne et contemporain. Cela étant, je n’approche pas Les Pêcheurs de perles avec un état d’esprit particulier. Ce qui m’importe, c’est de faire sonner la pièce comme elle le demande, pas à importer de l’extérieur un langage qui ne serait pas celui de la partition ou à déceler comment elle préfigurerait Berg ou Boulez par exemple.

Quels sont vos prochains projets dans le répertoire français, et à Paris ?

L. H. : En mars prochain, je vais faire Beatrice et Benedict au Theater an der Wien, une œuvre pour moi d’une extraordinaire inventivité. Quant à Paris, rien pour le moment, mais j’espère revenir très vite car je trouve que c’est une ville qui a une offre culturelle extraordinaire pour le touriste et stimulante pour le musicien que je suis.

Propos recueillis par Gilles Charlassier, le 6 juin 2012

Bizet : Les Pêcheurs de perles
Paris – Opéra Comique
Les 18, 20, 22, 24, 26 et 28 juin 2012

> Programme détaillé et réservations de l'Opéra Comique

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Jean-Gilles Charlassier

Photo : Marco Borggreve
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles