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De Greif à Scriabine - 3 Questions à Jonathan Benichou


D’abord formé au Conservatoire de Nice dans la classe d’Odile Poisson, Jonathan Benichou a ensuite étudié au CNSM de Paris avec Jacques Rouvier, puis a complété son cursus outre-Atlantique au sein du prestigieux Mannes College of Music de New York avec Pavlina Dokovska.

Il reçoit régulièrement les conseils d’Aldo Ciccolini qui fait, avec beaucoup d’enthousiasme, l’éloge d’un jeu d’une grande plénitude sonore. En prélude à la sortie d’un CD Scriabine (Sisyphe/Abeille Musique) début mai, le jeune artiste se produit le 6 avril au Théâtre de l’Athénée dans un programme Bach/Scriabine.

Qu’est-ce qui, dans votre parcours, a contribué à vous faire aimer la musique de Scriabine ?

Jonathan Benichou : Dès mon enfance j’ai eu l’occasion d’être au contact de ce répertoire, notamment par le biais de musiciens russes. Cette découverte précoce m’a marqué et Scriabine est demeuré présent dans mon cheminement personnel. Sa musique a travaillé en moi, elle a mûri ; ce projet de CD Scriabine remonte à quelques années et se réalise enfin aujourd’hui. J’y tenais beaucoup. Scriabine est un visionnaire qui a su exploiter les ressources du piano d’une façon très avancée, au travers du timbre, de la vibration. Tout était vibration, perception de la vibration pour ce musicien.

Votre récital du 6 avril à l’Athénée associe Bach et Scriabine. C’est un peu le mariage de l’eau et du feu ? Quant au programme de votre CD : comment l’avez-vous conçu ?

J.B. : Bach possède un langage complètement ouvert à tous les temps et l’on peut je crois marier sa musique à tous le styles. J’ai voulu l’associer à Scriabine qui a su, à sa manière, ouvrir des voies dans le langage du XXe siècle. En ce qui concerne le CD, j’ai cherché à souligner l’évolution de Scriabine au fil du temps. Une première période, très marquée par Chopin et Liszt, une période intermédiaire plus personnelle avec des timbres très singuliers et la dernière où l’on trouve beaucoup de mystère.

Vous avez participé, le 30 mars au Musée Chagall de Nice, à un concert de musique de chambre en hommage à Olivier Greif. Vous jouez souvent sa musique. Avez-vous connu ce compositeur ?

J.B. : Je l’ai en effet rencontré à l’âge de seize ans et nous sommes ensuite restés proches jusqu’à son décès en 2000. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de jouer son Trio lors d’un concert d’hommage qui a suivi. On trouve des influences russes dans sa musique, Chostakovitch, Prokofiev, des influences de Bartok aussi. Tout ceci s’exprime souvent par un côté violent et percussif. Olivier Greif était un remarquable pianiste et a su exploiter l’instrument d’une manière très originale. J’aimerais beaucoup lui dédier un enregistrement, avec quelques unes de ses sonates pour piano. En ce qui concerne le disque, un projet Bach me tient par ailleurs à cœur.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 18 mars 2009

Récital de Jonathan Benichou. Théâtre de l’Athénée. Lundi 6 avril 2009 à 20 h. (Le téléchargement en avant-première du CD Scriabine sera offert aux auditeurs en échange de chaque billet).

Photo : DR

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