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Daniel Harding dirige les Scènes de Faust de Schumann à l’Orchestre de Paris - Scènes d’Ouverture

22 mars 1832. Johann Wolfgang von Goethe s’éteint à Weimar endeuillant toute l’Allemagne. Dix ans plus tard, Robert Schumann se penche sur ses deux Faust. Pourra-t-il mettre sa musique dans son théâtre ? Oui, si justement il s’éloigne du théâtre. Il aura appris les leçons du relatif échec essuyé par Spohr avec son propre Faust, crée en 1816 du vivant du poète qui le regarda de haut, estimant que seul Mozart aurait pu lui rendre justice.

Pas d’opéra donc, guère de théâtre, mais, suivant son penchant pour le bref, des Scènes herborisant dans l’ouvrage de Goethe, formant comme un panoptique en cernant non seulement la poésie mais aussi les thèmes : lutte du bien et du mal, recherche de la transcendance, aspiration à l’apaisement dans la Nature et à la réconciliation avec soi-même, Schumann y aura mis beaucoup de ses propres angoisses, dépeint sa quête d’artiste. Faust c’est lui.

Il lui faudra dix années pour mener à bien cette œuvre inclassable, commencée en 1844, achevée en 1853, entre temps Berlioz lui aura brûlé la politesse avec sa Damnation de Faust (1846), mais la partition de Schumann est aussi saisissante que celle du Français : le vertige de Gretchen à la Cathédrale, le Sonnenaufgang qui ouvre la Seconde Partie, l’imparable chœur final ne s’oublient plus une fois entendus.

C’est donc avec cet Opus Magnum que Daniel Harding ouvre son magister à l’Orchestre de Paris. L’œuvre lui a porté chance, et lui a valu un triomphe lorsqu’il l’a présentée à la Radio Bavaroise voici trois ans, une captation sur le vif documente la soirée (1).
Si l’œuvre est un défi pour l’orchestre, elle l’est d’abord pour le chœur, véritable héros d’un ouvrage où consciemment Schumann voulut couler une part de son style dans celui des grands oratorios de Mendelssohn. Gageons que les Parisiens mettront du cœur à l’ouvrage, les solistes eux sont rompus à ces Scènes mirifiques.

Jean-Charles Hoffelé

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(1)  2 CD BR Klassik
 
Hanna-Elisabeth Müller, Mari Eriksmoen, Bernard Fink, Andrew Staples, Chœur de l’Orchestre de Paris & Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris, dir. Lionel Sow, Orchestre de Paris, dir. Daniel Harding.
Schumann : Scènes de Faust
16 septembre (20h30) & 18 septembre 2016 (16h 30)
Paris – Philharmonie
www.concertclassic.com/concert/orchestre-de-paris

Photo © Julian Hargreaves

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