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​Conservatoire National Supérieur de Paris – Une fin d’année au temps du Covid-19

Le Covid-19 chamboule tous les calendriers, ceux des musiciens professionnels comme des étudiants ! Au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, avec la mise en place du confinement, 1376 élèves au total se sont du jour au lendemain retrouvés physiquement coupés de l’établissement. A sa direction depuis la mi-décembre, Emilie Delorme (photo) se souviendra longtemps de sa première année puisque, à peine trois mois après son arrivée à la Villette, elle a été confrontée à une situation totalement inédite qui bouleverse en profondeur le fonctionnement d’une institution dont on fête le 225e anniversaire cette année.
 
Faire avec les moyens dont on disposait

Rien, jamais, ne remplacera l’enseignement que le professeur transmet à un élève dans une salle de cours, mais « une forme de continuité pédagogique a été maintenue, note la directrice. Les cours théoriques se sont assez vite mis en place selon différentes modalités. Des cours individuels ont eu lieu via zoom, skype, etc. Il a fallu faire le deuil de ce que l’on réalise en temps normal pour voir ce que l’on pouvait faire avec les moyens dont on disposait. Les professeurs ont inventé de nouvelles choses ; ils ont réuni leurs classes via divers outils pour aborder les questions de répertoire, des sujets tels que la gestion du stress, etc. ».
Deux mois se sont écoulés depuis le début de la période de confinement et le temps des examens approche ... « Les récitals de master, les certificats de danse constituent des moments extrêmement symboliques pour les étudiants, mais il n’était pas possible de les reporter, regrette E. Delorme. Comme le document « Examens 2020 » disponible sur le site du CNSMDP permet de le constater, les diplômes sanctionnant des cursus d’interprète seront décernés sur la base du contrôle continu.
 

© cnsmdp

Un deuil pour les étudiants
La directrice du CNSMDP a bien conscience que l’annulation des examens de sortie, constitue « un deuil extrêmement important pour les étudiants », mais elle préfère regarder l’avenir et « réfléchir à la manière d’aider tous les élèves sortants sur la saison prochaine en leur créant des situations d’insertion professionnelle » et précise que « le statut d’étudiant sera prolongé pour ceux qui le souhaitent. » Quant aux examens dans les matières théoriques, les choses sont a priori plus simples et le principe du télé-examen va prévaloir, conjugué au contrôle continu.
La vie du Conservatoire continue, les uns le quittent quand d’autres y arrivent ... S’agissant des examens d’entrée, le CNSMD de Paris se trouve dans une situation plus confortable que celui de Lyon, où ces épreuves auraient dû se tenir présentement. A Paris, les étudiants on été sélectionnés durant les vacances d’hiver, mais tout n’est pas réglé pour autant car il reste encore à résoudre le cas des examens pour la formation supérieure aux métiers du son, la musicologie, l’écriture, la notation, le 2ème cycle de danse ou l’épreuve instrumentale d’entrée au CA (lancée avant la crise, la procédure attend ici d’être achevée).
Quant au déconfinement au niveau administratif, il a commencé « en vertu d’un protocole très strict, afin de faire revenir quelques personnes, mais le télétravail restera la règle. La présence de personnel permettra à des élèves qui n’ont pas leur instrument à domicile (orgue, percussions) de venir travailler au Conservatoire, précise E. Delorme ».
 
Une aide aux étudiants en difficulté
 Reste que dès le début de la crise, le CNSMDP a pris la mesure des graves difficultés financières auxquelles se trouvaient confrontés un certain nombre d’étudiants soudainement privés de divers petits emplois, essentiels pour eux (ouvreur, cours particuliers de musique, etc.). Diverses aides, venues du Mécénat Musical Société Générale, de la Fondation Meyer, etc. ont permis de mettre sur pied un plan d’aide d’un montant total de 200 000 € dont un tiers déjà été distribué.
A la rentrée prochaine, la prolongation du statut d’étudiant permettra à ses bénéficiaires de continuer à avoir accès aux ressources du CNSM (salles, parc instrumental, médiathèque), et E. Delorme signale qu’ «un volet d’heures d’enseignement a été dégagé pour que ceux qui le désirent puissent avoir des cours à la rentrée. »
 
Des événements ciblés

Le Conservatoire envisage aussi l’organisation d’événements très ciblés, destinés à mettre en valeur le talent des jeunes musiciens auprès des professionnels de la musique et du public. Quant à la saison musicale du CNSMDP (on ne redira jamais assez combien elle mérite l’attention des mélomanes et réserve de belles découvertes !), la programmation 2020-2021 est déjà largement construite et, s’agissant de la partie septembre-décembre, elle est prête faire preuve de sens de l’adaptation en fonction de la situation de la rentrée.
 
Alain Cochard
(Entretien avec Emilie Delorme réalisé le 12 mai 2020)

www.conservatoiredeparis.fr/accueil/
 
Photo © Ferrante Ferranti
   

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