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Compte-rendu : Quatre regards sur le présent - Jean-Claude Casadesus dirige le National au Festival Présences

En ouverture du Festival Présences – dont le premier week-end était dédié au compositeur Olivier Greif disparu prématurément le 13 mai 2000 –, l’Orchestre National de France dirigé par Jean-Claude Casadesus offrait un florilège contrasté de pièces symphoniques et concertantes de Dutilleux (Métaboles), Greif (Concerto pour violoncelle), El-Khoury (Concerto pour cor « The dark Mountain » en création mondiale) et Ravel (Suite n°2 de Daphnis et Chloé). L’interprétation très claire de Métaboles (1964) où la structuration rigoureuse, la finesse subtile des assemblages instrumentaux laissent s’exprimer une liberté consentie, permet à chaque groupe (les bois, les cordes, les cuivres, la percussion) de briller avec éclat devant le compositeur présent dans la salle.

Plus intimiste, le Concerto de Greif, intitulé « Durch Adams Fall » (1999), opère une synthèse entre la tradition polyphonique chorale, la musique populaire réinventée (celle du Niger) et une liturgie propre à notre temps qui participe de ce désir de méditation pratiquée par cet artiste singulier. Créateur et dédicataire de l’œuvre, le violoncelliste Henri Demarquette, à la technique irréprochable, sait se fondre dans un dialogue permanent avec les musiciens de l’orchestre tout en affirmant dans la cadence un engagement sensible et dans le final (Envoi) un lyrisme émouvant.

Le Concerto pour cor de Bechara El-Khoury, commande de Radio France écrite entre 2007 et 2008, chevauche les grands espaces avec une délectation quasi cinématographique très démonstrative, mais s’élève sur les hauteurs grâce à la virtuosité de David Guerrier qui transcende l’œuvre d’apparence convenue.

En comparaison, la Seconde Suite de Daphnis et Chloé de Ravel qui n’a aucun secret pour l’Orchestre National prend, bien qu’un siècle nous en sépare, une allure de modernité : les volutes sonores des cordes, le pépiement des instruments à vent (en particulier la flûte de Philippe Pierlot), créent un climat hypnotique envoûtant. Jean-Claude Casadesus, héritier de Pierre Boulez et de Pierre Dervaux, rend implacable l’élan conclusif, conduit avec l’impulsion rythmique propre à cette bacchanale sortie de la lumière aveuglante de la Shéhérazade de Rimski-Korsakov.

Michel Le Naour

Paris, Maison de Radio France, Salle Olivier Messiaen, Festival Présences - 18 septembre 2009

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Photo : DR
 

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