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Compte-rendu - La Petite Renarde rusée à Lille - Conte de printemps


La Petite Renarde se plie sans souffrance aux adaptations. Ici elle tient en tout juste une heure : exit le village et les contingences humaines – qui s’en plaindrait au fond ? – nous sommes tout du long plongés dans la feuillée de Janacek. Spectacle nettement à visée des têtes blondes, le théâtre en était d’ailleurs empli, avec des humains chantant en français –clairs, nets, compréhensibles et compris – et des animaux babillant en tchèque, langage soudain plus mystérieux mais qui aurait gagné à un surtitrage, autant pour la mise à sac du poulailler que pour le flirt du Renard et de la Renarde, pour ne rien dire de l’expulsion du Blaireau.

Ce sera le seul bémol qu’on trouvera, et encore en grattant, à cette production poétique entre toute, au dispositif simplissime : deux écrans portent des images subtiles de nature, plus souvent narratives qu’illustratives, et une faille les séparant permet à certains personnages d’apparaître en trois dimensions, créant autant d’effets judicieux.

L’adaptation pour dix instruments, dont un accordéon, assistés d’un inventif jeu de percussions touche juste. C’est qu’Alexander Krampe (photo) s’est bien gardé de réduire l’orchestre de Janacek, préférant le transposer dans son propre univers, lui offrir ses équivalents poétiques. L’alliage est subtil, les translations discrètes et pourtant émouvantes, soigneusement accordées par la battue avant tout pratique de Denis Comtet.

Jolie distribution, portée par le Garde Chasse tendre et sonore de Jacques Calatayud, emmenée par la Renarde alerte et bonne fille d’Elena Poesina. Les enfants, en scène comme dans la salle, étaient parfaits.

Jean-Charles Hoffelé

Leos Janacek : La Petite Renarde Rusée, selon une adaptation d’Alexandre Krampe, Opera de Lille, le 10 juin 2009

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Photo : DR

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