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Chung célèbre Messiaen

Myung-Whun Chung a souvent eu l’occasion dire combien sa rencontre et sa collaboration avec Olivier Messiaen ont compté dans son parcours, d’un point de vue tant musical qu’humain. Rien d’étonnant donc à ce que le Philharmonique de Radio France et son patron soient très impliqués dans les manifestations qui entourent le centenaire de la naissance de l’auteur des Vingt Regards. Les concerts des 4 et 11 avril à la Salle Pleyel marquent le début de l’année Messiaen de Chung, qui se terminera en ce même lieu pour le chef coréen, le 5 décembre, avec une version de concert de Saint-François d’Assise.

Mozart occupait une place de choix dans le panthéon personnel d’Olivier Messiaen et il est naturel que sa musique soit associée à celle de l’Autrichien. Réalisation de jeunesse (1932-1933), les quatre « méditations symphoniques » de L’Ascension figurent au programme du premier concert au même titre que Et Exspecto resurrectionem mortuorum, composé en 1964 en réponse à une commande d’André Malraux. Les vents sont rois comme on le sait dans ce vaste ouvrage conçu pour orchestre de bois, cuivres et percussions métalliques.

Le Philharmonique ne manque pas de brillants « souffleurs » et Chung a fait appel à quatre d’entre eux (Helène Devilleneuve, Jérôme Voisin, Antoine Dreyfuss et Jean François Duquesnoy) pour également interpréter la Symphonie concertante pour hautbois, clarinette, cor et basson, KV. 297b de Mozart. Seul le public parisien aura le bonheur de l’entendre car le concert que l’orchestre donne le lendemain à Monte-Carlo dans le cadre du Printemps des Arts ne comporte que les deux ouvrages de Messiaen précités.

Les concertos pour piano de Mozart ont inspiré un passionnant opuscule à Olivier Messiaen. Dans ce corpus célèbre, le compositeur français nourrissait une tendresse particulière pour le lumineux Concerto n°17 en sol majeur, KV 453. Il est inscrit au programme du concert du 11 avril, sous les doigts de Roger Muraro. Un choix cohérent quand on sait la proximité de l’artiste avec l’œuvre de Messiaen, mais surtout parce que Muraro, par-delà les étiquettes que la France affectionne trop, est d’abord un magnifique poète du clavier que l’on imagine abordant avec gourmandise une partition foncièrement heureuse.

Réalisation ultime de Messiaen, Eclairs sur l’au-delà, pour très grand orchestre (1988-1991) n’a jamais été repris depuis sa création française par Chung et l’Orchestre National de l’Opéra de Paris. Ce n’est pas le moindre des attraits de ce concert que de pouvoir y entendre le compositeur déployant pour la dernière fois son immense palette orchestrale.

Alain Cochard

Salle Pleyel. Vendredi 4 avril – 20 h. Solistes de l’Orchestre Philharmonique. Orchestre Philharmonique, dir. M.W. Chung. (concert partiellement repris le 5 avril à Monte-Carlo)

Vendredi 11 avril – 20h. Roger Muraro, piano. Orchestre Philharmonique, dir. M.W. Chung. Tél. : 01 56 40 15 16.
 

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