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Cendrillon à Chaillot - Trois questions à Thierry Malandain, Directeur du Centre Chorégraphique de Biarritz

Cendrillon à Chaillot - Trois questions à Thierry Malandain, Directeur du Centre Chorégraphique de Biarritz
 
Elle avait émerveillé l’Opéra Royal de Versailles, lors de sa création française en 2013, trois jours après San Sébastian. Cette fois elle va égarer son escarpin sur les - nombreuses - marches du Palais de Chaillot : la Cendrillon de Thierry Malandain, portée par la musique de Prokofiev, revient après avoir enchanté de multiples publics internationaux. Un très grand succès pour cette transposition mélancolique du conte de Perrault, aussi sobre que féérique, qui précise l’image devenue enfin populaire du chorégraphe, à la pointe de la création française. Il nous donne des nouvelles.
 
Cette Cendrillon ne cesse son voyage …
 
Thierry MALANDAIN : Elle est très demandée, avec toujours un vif succès, notamment en Allemagne. Quant au Théâtre de Chaillot, où nous revenons ainsi pour la troisième fois, Didier Deschamps souhaitait y faire une sorte de trilogie, avec Magifique et Créatures.  Et c’est un bonheur, car c’est une scène superbe. Ce ballet, auquel je ne croyais pas trop au début, est finalement un point de croisement avec plusieurs moments de mon aventure personnelle et de mes aspirations. Et aujourd’hui l’œuvre vit sa vie, qui semble pleine ! Mais Cendrillon, laquelle accomplit son rêve, continue d’incarner pour moi la figure douloureuse de la danse délaissée, maltraitée, et parfois enfin reconnue, la danse pour laquelle je me bats.
 
L’avez-vous modifiée, au fil de sa déjà riche carrière ?
 
T.M. : Très peu, mais j’ai tout de même ajouté des pointes, lors d’un court passage, au moment du voyage du Prince pour retrouver son élue: en effet nous avons une nouvelle danseuse mexicaine, qui les fait admirablement et cela crée une sorte d’étoile du berger sur la route du jeune homme. Mais j’ai surtout été amené à descendre plus avant dans ce que ce ballet me disait, après ce que j’ai essayé de lui faire dire : et cela à la demande du Centre National de la Danse, qui m’a commandé un livre pour éclairer et fixer le spectacle. L’écriture m’en a été facilitée par l’évocation de vieux partenaires de vie et de rêve, comme Mariquita, cette formidable ballerine et maîtresse de ballet, notamment à l’Opéra Comique autour de 1900. J’écris, je fais des recherches sur elle, car son rôle, bien qu’effacé aujourd’hui, fut considérable sur l’évolution de la chorégraphie en France. Or c’est elle qui régla les parties dansées du Cendrillon de Massenet, à la création en 1899. C’est donc une chaîne.
 
Le carrosse de Cendrillon roule bon train, mais avez-vous d’autres projets dans les mois à venir ?
 
T.M. : En fait, nous sommes assujettis à un rythme de tournées de plus en plus serré : Madrid, Jérusalem, Saint-Petersbourg où nous allons pour la première fois bientôt. Peut être le Japon cet été. Parmi les ballets les plus demandés, Cendrillon, mais aussi Roméo et Juliette, que le public aime beaucoup. Sinon, pour le retour aux bases, nous avons un joli projet à Biarritz, les 5 et 6 juillet, en partenariat avec le Capitole de Toulouse et l’Opéra de Bordeaux, pour un spectacle où nos trois compagnies seront à l’affiche : le Ballet de Toulouse donnera des extraits de Don Quichotte, celui de Bordeaux des passages de Carmina Burana, et pour ma part, je me propose de donner une vie chorégraphique à l’Estro Armonico de Vivaldi. Je ne sais pas encore comment je l’agencerai mais c’est une musique merveilleusement porteuse. Certes, j’ai de mauvais souvenirs avec elle, car  lorsque je faisais partie du Ballet de Nancy, nous y interprétions la version de John Cranko, d’une horrible difficulté, et je pleurais sur scène en le dansant ! J’aurais aimé faire revivre ce moment complexe en le transposant mais je crois que je n’y parviendrai pas. Place à la joie du mouvement !
 
Propos recueillis par Jacqueline Thuilleux, le 1er avril 2014
 
Prokofiev : Cendrillon, par Le Malandain Ballet Biarritz
9, 10, 11, 12, 13, 15, 16, 17,18 avril 2014
Paris - Théâtre National de Chaillot  
www.theatre-chaillot.fr
 
Photo © Conny Beyreuther

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