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Ariane à Naxos à l’Opéra Bastille – Et Mattila vint à Naxos

Ariane à Naxos à l'Opéra de Paris

Cette production d'Ariadne auf Naxos plusieurs fois remontée depuis sa création en 2003 à Garnier, ne nous avait jamais vraiment satisfait ; sauvée par Sophie Koch dont le nom restera associé à celui du Komponist, qu'elle chante et interprète avec une aisance confondante, le spectacle a toujours semblé fragile, incohérent et gratuit. Après un prologue bien mené, la lecture de Laurent Pelly montrait ses limites pendant l'opéra où Ariane, devenue folle et sans abri, a bien du mal à nous faire rêver. Malgré leurs qualités vocales, ni Katarina Dalayman, ni Solveig Kringelborn, ni Riccarda Merbeth n'avaient cette luminosité, cette vibration et cette ligne straussienne qui vous transportent et vous font oublier la laideur environnante.
 
Il aura donc fallu attendre la venue de Karita Mattila (douze ans après sa dernière et mémorable Salomé) pour renouer avec la grande tradition et chasser enfin nos réserves. Miraculeusement conservée, la voix a gagné en largeur sans rien perdre de son aigu toujours solaire et puissant, qualités qui confèrent à son personnage une richesse et une intensité insoupçonnées. Peu aidée par la direction d'acteur expéditive, Mattila occupe pourtant l'espace, investie, engagée pour servir la musique et faire frissonner la salle. Un grand moment !

 Remplaçante de choc, Elena Mosuc exécute brillamment les extrapolations de Zerbinetta, entourée par une troupe experte de joyeux drilles (dont Edwin Crossley-Mercer, Oleksiy Palchikov et Cyrille Dubois), la palme revenant à Klaus Florian Vogt tout simplement impressionnant dans le rôle impossible de Bacchus, le tout dirigé avec panache par Michael Schønwandt à la tête de l'Orchestre de l'Opéra.
 
François Lesueur

Strauss : Ariane à Naxos – Paris, Opéra Bastille, 27 janvier 2015, prochaines représentations les 9, 12 et 17 février 2015
 
 © Bernard Coutant / Opéra national de Paris

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