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Anna Caterina Antonacci en récital à la salle Favart - Miracle à l’italienne - Compte-rendu

Le récital offre aux artistes de multiples combinaisons, par genre, par thème, en hommage à un répertoire ou à un compositeur, mélodies légères, lieder, chansons ou airs d'opéra d'ici et d'ailleurs, mais tout l'art réside dans le dosage et l'équilibre. Si Anna Caterina Antonacci est connue pour « crever l'écran » à la scène, elle est une des rares cantatrices de son temps à savoir composer un programme ou l'intérêt musical rivalise avec la cohérence du propos.

Et il en faut du talent pour enchaîner sans heurt Monteverdi et Donaudy, tendre un fil invisible entre une longue mélopée de Cesti, superbe « Sopra un'aria antica » et une Sérénade de Mascagni, ou encore faire cohabiter dans un même élan et une même suprême élégance, Refice et son puissant « Ombra di nube » avec de rares mélodies de Tosti, auteur réputé facile.

La voix chaude et unie sur tout le registre d'Antonacci exprime, touche, émeut, surprend, relance, créant une relation unique avec le public qui semble ressentir chaque nuance, chaque allusion, comme si la langue italienne (et jusqu'à ses dialectes) lui était familière. Quelle belle idée de glisser ensuite subrepticement vers la mélodie française par l’intermédiaire de Reynaldo Hahn et de son cycle Venezia, habituellement distribué à une voix masculine. Après avoir incarné tous ces visages de femme, amoureuses, trahies, délaissées, fille du peuple ou du monde et exprimer tant d'affects différents, la chanteuse saisit en une instant les souvenirs d'un séducteur vaniteux avec une palette de couleurs et des accents infaillibles. Duparc et son ineffable Invitation au voyage, puis Fauré (Cygne, La mer est infinie, Je me suis embarqué...) chanté à fleur de lèvres dans un français somptueux, artistement éclairés par le piano miroitant de Donald Sulzen, terminaient cet enivrant parcours musical.
Pour prolonger ce moment de communion, la diva aussi belle à voir qu'à écouter, revenait avec Tosti et un idéal A Marechiare, puis une irrésistible Tarentula de l'Espagnol Jimenez.

François Lesueur

Paris, Opéra Comique, 4 février 2012

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Photo : DR
 

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