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András Schiff et The Orchestra of the Age of Enlightenment - Retour aux sources – Compte-rendu

En résidence au Théâtre des Champs-Elysées, l’Orchestre de l’Âge des Lumières, formation londonienne adepte d’interprétations historiquement informées, accueille le pianiste András Schiff  - Sir András Schiff faut-il dire depuis 2014 - comme soliste et chef d'un programme romantique associant Mendelssohn et Schumann.
 
En dépit de la présence mordante de la timbale, de la verdeur des bois et des cuivres et de la cohésion de cordes peu vibrantes, un lyrisme souplement déployé et un rien étale installe dans l’Ouverture des Hébrides un climat rêveur et poétique loin des bouillonnements de la Grotte de Fingal qui impressionna tant Mendelssohn. La même impression persiste dans la Symphonie n°3 « Ecossaise » d’une totale musicalité, à la respiration large où la noble éloquence le dispute à un équilibre savamment dosé (Allegro vivacissimo). On aimerait parfois plus de véhémence, moins de solennité, mais la coda finale impressionne par sa grandeur.
 
Très à son aise dans le Concerto op.54 de Schumann, András Schiff tire du pianoforte (un Johann Andreas Streicher de 1827) toute une palette de couleurs, avec un sens de la phrase et une capacité à faire oublier les marteaux (cadence de l’Allegro affettuoso initial). La sensibilité, la maîtrise technique, l’art de communiquer avec des musiciens très impliqués convainc sans cesse. L’Allegro vivace conclusif, pris à vive allure, caracole sans jamais perdre le fil d’un discours arachnéen. Le bis (Arabesque de Schumann), conduit de main de maître, mériterait parfois un soupçon de rubato, mais l’exécution, d’une subtilité constante, ne manque jamais d’intérêt.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 13 novembre 2015

Photo © DR

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