Comme chaque mois de novembre depuis 2009, musique et littérature ont rendez-vous au Perreux-sur-Marne avec le festival « Notes d’automne », fondé et dirigé par le pianiste Pascal Amoyel (photo).
La rencontre des sons et des mots, des harmonies et des rimes, se place une fois de plus sous le signe de la liberté. « Il est difficile d’envisager chaque année une thématique pour une manifestation qui relève du florilège, souligne P. Amoyel. Le seul cahier des charges que je m’impose est qu’aucun concert ne ressemble à un autre, tant en ce qui concerne le fond que la forme. Mon but est de donner aux artistes la possibilité de réaliser des choses qu’ils ne font pas dans le cadre habituel de leur carrière. »
Cet esprit « carte blanche » est pour le directeur artistique « un moyen de renouveler la forme du concert », de remettre en question un rituel qui s’est, il faut le reconnaître, beaucoup figé au fil du temps.

Pas de thème annuel donc, mais une idée directrice toutefois : celle de la transmission, des rencontres, des associations se dégage du Festival 2016. Evocation des grandes héroïnes de l’histoire de l’opéra avec Karine Deshayes et Delphine Haidan (7/11), histoire du quatuor à cordes racontée aux enfants, avec l’excellent Quatuor Alfama et la comédienne Ariane Rousseau (11/11), mise en valeur de liens entre des musiciens, Byrd et Tallis par exemple, au cours du programme des King’s Singers (11/11), passion de Jacques Gamblin pour le jazz (8/11), fascination de Jean Echenoz (lu par Dominique Pinon) pour Ravel, joué par Helène Tysman (9/11) ; les propositions s’avèrent pour le moins diversifiées.
La 8^ème édition ose des rencontres singulières aussi : le De Profundis d’Oscar Wilde, confié à Michel Voletti, et la musique de Chopin sous les doigts de Michaël Lipari-Mayer (12/11), Haydn et Primo Levi par Ronan Conil (piano) et Serge Barbuscia (12/11), Bach et Pétrarque, par la violoniste Stéphanie-Marie Degand et Emmanuelle Cordoliani (12/11) ou, non moins tentant, un Beethoven et Napoléon, avec des pages du Général Bertrand, dites par Francis Huster, et Hugues Leclère au clavier (13/11).

Installé depuis 2009 au Perreux-sur-Marne, « Notes d’automne » a su nouer des liens privilégiés avec cette commune de 35 000 habitants environ, située à une quinzaine de kilomètres à l’est de Paris. Pascal Amoyel insiste sur l’importance de l’action menée en direction des publics scolaires, pour lesquels le directeur artistique a par exemple imaginé un spectacle inspiré de son livre « Une petite histoire de la grande musique ». Les élèves du conservatoire ne sont pas oubliés : le Quatuor Debussy – depuis longtemps fidèle au festival – va à leur rencontre cette année. Les quatre archets compteront également parmi les protagonistes du concert de clôture (13/11), aux côtés de la maîtrise Polysons, un ensemble venu de Belleville qui, précise P. Amoyel, «présente la particularité d’être ouvert à tous, même ceux qui savent pas lire la musique ». Une cinquantaine d’enfants du Perreux feront équipe avec la formation lors d’un dernier concert bâti autour d’un texte de Victor Hugo.

Mais c’est sans doute la soirée du 10 novembre qui symbolise le mieux cette fois l’esprit de « Notes d’automne ». Les archets d’Emmanuelle Bertrand et Jean-Philippe Audoli, le piano de P. Amoyel s’unissent au voix de Sylvia Bergé et Suliane Brahim, sociétaires de la Comédie-Française, pour fêter les 50 ans de la collection Poésie des Editions Gallimard ; Debussy, Poulenc, Fauré dialoguent avec Cocteau, Desnos, Apollinaire ou Eluard ...

Alain Cochard
(Entretien avec Pascal Amoyel réalisé le 24 octobre 2016)

 
8^ème Festival « Notes d’automne »
Du 7 au 13 novembre 2016
Le Perreux-sur- Marne – Lieux divers
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Photo © Jean-Baptiste Millot